La vie est fragile et imprévisible. Après avoir rendu un bel éloge à son père lors de ses funérailles, en 2000, Justin Trudeau est encensé par les médias et les libéraux, qui le perçoivent comme un futur premier ministre. En 2015, il ressuscite la trudeaumanie lorsqu’il remporte les élections fédérales, permettant au Parti libéral de former un gouvernement majoritaire. Or, aujourd’hui, face à la crise politique actuelle, il essaie par tous les moyens de s’accrocher au pouvoir.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le comportement actuel de Justin Trudeau me rappelle l’entêtement du dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier, qui a été forcé de s’exiler, en 1986.
Rares sont les chefs d’État qui ne développent pas une dépendance au pouvoir. Selon le Dr Dacher Keltner, de l’Université de Californie, dans l’esprit d’une personne qui est au pouvoir (ainsi que dans son système nerveux), le pouvoir fait du bien.
Se sentant plus appréciés, ces dirigeants ont généralement l’impression d’avoir un statut et une estime plus élevés, ce qui leur donne la liberté de poursuivre leurs propres intérêts et désirs.
Bref, grâce au pouvoir, ils se sentent mieux dans leur vie.
Des cadeaux de Noël pour garder le pouvoir
Loin de moi l’idée de vouloir associer M. Trudeau à la dictature duvaliérienne, mais mosusse qu’il ressemble à un chef d’État qui est durement intoxiqué par la drogue du pouvoir en s’entêtant à pérenniser son leadership au sein du Parti libéral.
Notez que, pour la rédaction de ce texte, j’aurais pu simplement choisir l’angle du sport, c’est-à-dire le coach qui, malgré la perte de confiance du vestiaire, s’accroche à son poste.
Il me paraît plus réaliste de jumeler l’affaire Trudeau à celle d’un dictateur qui, par tous les moyens, tente de garder le pouvoir.
En Occident, on a tendance à croire que la dictature est systématiquement synonyme de bolchévisme ou de duvaliérisme, alors qu’en janvier 2021, Donald Trump nous a démontré que les sociétés démocratiques peuvent parfois jeter leurs valeurs démocratiques à la poubelle.
Afin d’éviter toute ambiguïté, je réitère que la population canadienne ne vit pas sous le joug d’une dictature. Toutefois, depuis quelque mois, les caprices du premier ministre Justin Trudeau me font penser à certaines stratégies politiques que Jean-Claude Duvalier utilisait pour amadouer les Haïtiens.
Par exemple, concernant le fameux chèque de 250 $ ainsi que le congé de TPS, il faudrait souffrir de naïveté politique pour ne pas se rendre compte que M. Trudeau essaie de s’acheter du temps afin d’améliorer sa cote de popularité.
Or, cette astuce politique, comme l’a qualifiée Crystia Freeland, la ministre des Finances, me replonge dans un de mes souvenirs d’enfance.
En effet, alors que, comme à l’habitude, je passais mes vacances scolaires au Cap-Haïtien, mon deuxième « pays », le dictateur Jean-Claude Duvalier, aussi connu sous le nom de « Baby Doc », a effectué une visite surprise dans la première ville d’Haïti.
Après avoir passé du temps avec Claude Vixamar, le préfet du Cap-Haïtien, Jean-Claude Duvalier et des membres de sa garde présidentielle ont sillonné en voiture (avec sirène) les rues de la ville pour lancer de l’argent aux citoyens. De l’argent qui leur appartenait, d’ailleurs.
À l’instar Chrystia Freeland, qui a remis de manière cinglante sa démission au premier ministre canadien, Frantz Merceron, l’ancien ministre des Finances de Baby Doc, est parti un an avant que le bateau coule. Jean-Marie Chanoine, un autre superministre, qui était le chouchou du président, avait pris le gilet de sauvetage juste à temps.
L’héritage d’un nom célèbre
Enfin, la politique est un jeu dangereux. Un jeu de pouvoir et d’intrigues.
Après avoir uni leurs efforts pour soutenir militairement et financièrement l’Ukraine, qui l’eût cru que Mme Freeland (qui est d’origine ukrainienne) et M. Trudeau seraient à couteaux tirés ?
À oblitérer la soif du pouvoir, c’est à ne rien comprendre de la crise politique que traverse le Canada à l’heure actuelle.
Je n’ai jamais été un partisan de Justin Trudeau, qui se transforme souvent en Père Noël, en distribuant des cadeaux qui coûtent cher au pays. Cependant, j’avoue qu’il est triste de le voir persister dans le déni de la réalité de son parti. Un parti qui est en quête de changement, d’un nouveau leadership.
Si seulement il avait hérité plus que le nom de son père, il ne se serait pas retrouvé dans cette solitude, où il s’interroge peut-être sur l’absence de ceux et celles qui l’ont adulé lors de son premier mandat.
Autrement dit, s’il avait les capacités intellectuelles de son père, il aurait compris qu’il ne peut rien faire face au désenchantement populaire à son égard.
En 1984, après 15 ans au pouvoir, le très honorable Pierre Elliott Trudeau avait constaté le déclin de sa popularité et avait pris la décision de passer le flambeau de la direction du PLC à un autre (John Turner) en quittant la vie politique.
En 1993, le premier ministre Brian Mulroney en a fait de même, malgré le fait qu’il était à la tête d’un gouvernement majoritaire depuis 1984.
Or, aujourd’hui, en dépit de la nette avance des conservateurs dans les sondages, Justin Trudeau croit qu’il est encore l’homme de la situation.
Vraiment ?
Toute cette saga nous rappelle que le pouvoir est une drogue dure, et que la plupart de ceux qui y goûtent ne savent pas quand arrêter.
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