C’est l’un des moments les plus douloureux qui soient pour un parent. La mort de son enfant par acte de violence. Mardi 21 mai, un triple meurtre a été commis sur Le Plateau-Mont-Royal. Deux hommes et un adolescent sont tombés sous les coups de couteau de leur assaillant.
« C’est dur, vraiment, mais c’est dur pour trois familles. J’aime mon fils, mais l’autre famille aime son fils. Et l’autre encore… Vous comprenez ? » a déclaré aux médias Jean-Marie Célestin, le père d’Ulrick Peterson Célestin, l’une des victimes du triple meurtre.
Pour une histoire de cœur
D’après M. Célestin, son fils, qui a laissé derrière lui un enfant de deux ans, était connu de la police, mais ne faisait pas partie d’aucun gang de rue. Ce fait est corroboré par la police, qui s’est assurée de préciser, mercredi, que cette affaire n’était pas liée au crime organisé, mais à une histoire de cœur.
Cette horrible histoire aurait commencé lorsqu’une dizaine de jeunes se sont présentés sur le Plateau, dans le but d’affronter un adolescent du quartier. Or, Ulrick Peterson Célestin et son ami Alexandre Vatamanu sont intervenus pour défendre l’adolescent en question.
Après des échanges houleux dans une ruelle près de l’intersection des rues Mentana et Rachel, la violence l’a emporté sur la raison.
Après une altercation au couteau, des corps ensanglantés gisaient sur le sol du Plateau-Mont-Royal, un arrondissement qui a pourtant été élu par l’organisme new-yorkais Project for Public Spaces comme l’un des 20 endroits nord-américains offrant la meilleure qualité de vie, en 2004.
Trois morts, c’est quelque chose.
Une histoire similaire à celle de Scott La Rock et DJ D-Nice
De ce drame tragique, je retiens deux choses : nous avons tendance à oublier que le couteau est l’arme la plus utilisée lors de crimes violents. Et l’histoire d’Ulrick Peterson Célestin me rappelle étrangement celle de Scott La Rock et D-Nice, anciens membres du célèbre groupe hip-hop Boogie Down Productions.
Pour vous situer, D-Nice était le DJ qui nous a aidés à passer au travers des premières semaines de confinement lié à la pandémie du coronavirus grâce à sa musique du « Club Quarantine », qui a attiré un grand nombre de curieux sur Instagram, comme Michelle Obama et Beyoncé.
Le 27 août 1987, dans le Bronx, alors qu’il était âgé de 16 ans, D-Nice, de son vrai nom Derick T. Jones, a été agressé par des hommes qui étaient mécontents du lien que le rappeur entretenait avec l’une de leurs ex-copines. Inquiet de la situation, D-Nice a demandé à Scott La Rock de l’aider à s’en sortir.
Plus tard dans la journée, La Rock, D-Nice et trois autres membres de BDP ont conduit une Jeep CJ-7 jusque dans le sud du Bronx pour rencontrer les rivaux de D-Nice, qui n’avait que 16 ans.
Après quelques minutes de conversation, ils rentrent dans la voiture pour quitter les lieux, et c’est à ce moment que Scott La Rock reçoit une balle à l’arrière de la tête et mourra à l’hôpital, en salle d’opération.
Tout comme Ulrick Peterson Célestin, Scott Monroe Sterling était âgé de 25 ans et a également laissé derrière lui son épouse et son enfant.
Parfois, on se trouve mêlé dans une histoire sans connaissance du début et de la fin de celle-ci. Je ne juge pas ici Célestin et Vatamanu, à savoir s’ils ont eu raison ou non d’être intervenus pour aider le jeune de leur quartier. Non, pas du tout. Chacun a sa façon de faire les choses et de voir le monde.
Je pense simplement que la femme de Célestin aurait tant aimé que celui-ci ne franchisse pas les pas menant à cette ruelle macabre, qui sera peut-être évitée par certains résidants du quartier.
Elle doit peut-être se dire que si elle était présente ou si son mari n’était pas passé chez son père, de telles choses ne seraient pas arrivées.
Trouver des solutions au problème
En fait, ce n’est pas compliqué : les trois familles atteintes par ce triple meurtre s’entremêlent dans les phrases conditionnelles contenant les « si ». Dans de telles situations, les proches vivent des regrets dans lesquels ils parviennent même à se culpabiliser, alors qu’ils n’y sont pour rien.
Nous devons tirer des leçons de cette tragédie.
Premièrement, entendons-nous sur une chose : Montréal n’est plus aussi sécuritaire qu’autrefois. Qu’il s’agisse d’attaques au couteau, de balles tirées ou de féminicide, la métropole est de plus en plus violente.
La série de sept meurtres en 10 jours en est la preuve flagrante.
Deuxièmement, tout le monde peut être touché par la violence. Que l’on soit Noir, Blanc, jeune, vieux, ou sans casier judiciaire, ce fléau quotidien nous menace. Il suffit de dire le mauvais mot ou de jeter un mauvais regard à une personne armée, et on fait partie des tristes statistiques du SPVM.
Pour expliquer cette période de turbulences, certains évoquent le long et strict confinement lié à la pandémie.
Peut-être.
Des études ont démontré que la pandémie a eu d’importantes répercussions sur la santé mentale des Canadiens : anxiété, dépression, sommeil perturbé entre autres.
Enfin, notre société est malade. Très malade, même. Afin de traiter les symptômes, nous devons aller une fois pour toutes à la source du problème.
Mais de grâce, ne résolvons pas ce problème avec le même esprit qui l’a créé.
Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.
2 Commentaires
Bonjour Walter. C’est une histoire très triste et aussi tellement absurde.
En effet, Montréal est moins sécuritaire que dans les années 70 et 80 alors que je « patrouillais » très souvent de nuit dans presque tous les coins de la ville. On peut avancer plusieurs hypothèses, mais la plus simple et probablement la plus juste est la prolifération des armes blanches ou autres.
A l’époque mentionnée, il était très rare de rencontrer quelqu’un armé. Perso, cela m’est arrivé qu’une seule fois. J’omets les détails. Pour me faire peur, un type m’avait montré la crosse d’un revolver caché dans son manteau. Puis, il avait continué son chemin. Tant mieux.
Aujourd’hui, je dis à mes proches plus jeunes d’éviter le plus possible les querelles.
Bonjour Luc ! En effet, cette histoire est triste et regrettable.
Dans les années 70, il y avait bien Blass et les Dubois. Ha ha. Mais, oui, il y avait beaucoup moins d’armes à feu en circulation et aussi la métropole était beaucoup moins peuplée, ne l’oublions pas. Et je suis content que tu prodigues de bons conseils aux plus jeunes, car je fais la même chose. Bien souvent, je dis aussi aux plus grands qui n’ont pas conscience des dangers de la société d’éviter à tout prix les confrontations. En quelques secondes, tout peut arriver.
Merci encore, Luc. À bientôt !