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Retour réussi pour le défilé du carnaval antillais de Montréal


Bloqué par la Ville de Montréal en raison de préoccupations administratives en 2023, le défilé du carnaval antillais a effectué un retour remarqué au centre-ville de la métropole, le samedi 6 juillet, au grand soulagement des membres de la communauté noire qui ont profité de cet événement culturel pour se retrouver entre amis.

Tout nouveau, tout beau. Après une année de retrait, marquée par une introspection des difficultés et obstacles des communautés noires, le défilé carnavalesque des Antillais de Montréal s’est déroulé sur le boulevard René-Lévesque, sous le nom de Carimas – auparavant Carifête –, avec une nouvelle équipe et structure organisationnelle.

Cela dit, les déguisements, les plumes et les chars ont accompagné la chaleur humaine pour authentifier le caractère festif de ce rassemblement annuel qui souffle ses 50 bougies cette année.

En début de journée, le temps paraissait un peu capricieux, mais l’esprit festif brillait à un point tel que la présence du soleil a été le dernier des soucis des carnavaliers.

Le coup d’envoi a été donné vers 13 h, à l’intersection du boulevard René-Lévesque et de la rue Jeanne-Mance. Jeunes et moins jeunes ont défilé avec le drapeau de leur pays d’origine, en dansant au son des musiques racine haïtienne, soca et reggae avant de camper à la Place du Canada, où étaient disposés une scène et des kiosques de nourriture pour continuer la fête.

Notons également la présence de Rara Jazz de Montréal, qui, grâce à ses instruments à percussion, a fait vibrer la Place du Canada. Ce groupe ne cesse d’impressionner par son dynamisme folklorique.

Que signifie le défilé du Carimas pour les carnavaliers ?

Pour Henri Pardo, réalisateur du film Kanaval, qui était heureux de participer au défilé, c’est un renouveau salutaire : « le retour du carnaval fait du bien à la communauté, et cela se voit dans l’atmosphère d’optimisme et de joie qui règne aujourd’hui », a lancé le talentueux cinéaste, en suivant un char haïtien qui attirait les foules avec sa musique raboday.

Même son de cloche chez Derek, un quadragénaire d’origine barbadienne, qui assiste au carnaval depuis sa tendre enfance : « le retour du carnaval n’apporte que du positif : la musique est bonne, les gens sont contents et nous gardons notre tradition », a-t-il philosophé.

À vrai dire, la majorité des personnes que j’ai sondées ont été satisfaites du « Carimas ». Certaines ont même dévoilé que la journée carnavalesque a dépassé leurs attentes.

En fait, je soupçonne que la plus grande crainte des Afro-Montréalais a été celle d’être témoin de la fugacité de ce rendez-vous annuel qui donne le ton à leur saison estivale.

Personnellement, j’ai aimé, mais je trouve que le parcours du défilé était un peu court – environ 1 kilomètre. Considérant les circonstances où on prend un nouveau départ, il est peut-être plus convenable de marcher un peu moins afin de pérenniser.

Dit autrement, petit à petit, l’objectif sera atteint en étroite collaboration avec les différentes communautés afrodescendantes.

À cet égard, Gens de la Communauté, nous avons notre mot à dire, que dis-je, nous avons le devoir de conserver ce que nous chérissons. Qu’il s’agisse du Carifête ou du Carimas, le carnaval occupe une place majeure dans notre culture, et il est absurde que nous laissions des fonctionnaires municipaux décider de son sort.

L’annulation du défilé de 2023 est derrière nous ; néanmoins, nous devons nous servir de cet affront à nos valeurs culturelles comme rétroviseur afin de faire bonne route.

Permettez-moi de conclure en reprenant cette formule haïtienne : « Apre bal, tanbou lou ».

Cela signifie qu’après la fête, les tambours sont lourds. Mieux encore, il n’y a pas de fête sans lendemain.

De ce fait, sachez que les organisateurs du carnaval sont déjà en préparation pour l’édition 2025, et que nous sommes plus de 300 000 à pouvoir contribuer financièrement pour porter les tambours du « Carimas ».


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

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