Qui l’eût cru ? De « maladie de Blancs » dans l’imaginaire des Afro-descendants, le coronavirus est rapidement devenu le tueur de Noirs aux États-Unis. Dans ce pays où le mouvement « Black Lives Matter » a pris naissance en raison de la brutalité policière, on se demande si le nombre phénoménal de personnes noires porteuses du virus n’ouvrira pas la porte à une ligue « Black Health Matters ».
Non, il ne s’agit pas d’une « Fake News » ! Le nouveau coronavirus inflige des ravages considérables aux communautés afro-américaines de nos voisins du Sud.
Les quartiers noirs pris d’assaut par le coronavirus
Alors que le tableau se noircit, l’Amérique noire est sens dessus dessous, cherchant des pistes de solutions à cette crise sanitaire qui a fait 18 860 morts à l’échelle nationale.
À Milwaukee, dans le Wiscounsin, où la communauté noire ne représente que 28 % de la population de la ville, 73 % des 45 morts recensés au début de la semaine sont Afro-Américains.
À Chicago, troisième ville du pays, les chiffres sont similaires : 72 % des morts étaient Noirs, alors qu’ils ne composent qu’un tiers des habitants.
Dans d’autres villes telles que Washington, Caroline du Nord et La Nouvelle-Orléans, la tendance se maintient : ce sont les Afro-Américains qui sont les plus infectés et qui meurent le plus.
Donc, en gros, les quartiers noirs ont trois fois le taux d’infections et près de six fois le taux de décès, selon une analyse du quotidien Washington Post.
Plusieurs personnalités, dont le rappeur P. Diddy, Van Jones et le révérend Al Sharpton, se sont réunies par vidéoconférence pour élucider le phénomène.
Comment donc expliquer la discrimination soudaine de ce virus qui, pourtant, frappait au hasard, sans distinction de race et d’origine?
Selon le docteur Jerome Adams, le directeur de la Santé, qui est le porte-parole pour les questions de santé de l’administration Trump, et qui est lui-même un Noir, le diabète, les maladies cardiaques et les maladies pulmonaires sont les principaux coupables de la surmortalité des Afro-Américains liée à la COVID-19.
Au banc des accusés se retrouve également l’obésité, qui ne cesse de gagner du terrain dans la communauté noire.
Quant à l’asthme, qui est aussi au cœur de la conversation, en 2017, une étude de l’université de Princeton a révélé que les enfants noirs sont plus susceptibles d’être asthmatiques, car ils vivent dans des bâtiments plus anciens, qui abritent des matières fécales et des infestations de rongeur.
Le « privilège blanc » dans les soins de santé
Bien sûr, ça prend pas la tête à Papineau pour comprendre que ces maladies chroniques aggravent la condition de ceux qui sont contaminés par le nouveau coronavirus, mais ça prend les lunettes de Malcolm X pour voir l’impact du racisme systémique des États-Unis d’Amérique dans cette crise sanitaire.
Avec plus de 7 millions de Noirs non âgés qui n’ont pas d’assurance maladie dans une société aussi capitaliste que l’Amérique, on peut affirmer que la notion de « privilège blanc » s’étend jusqu’au milieu des soins de santé.
D’après une étude du National Institute of Health, les hôpitaux dans les quartiers à prédominance noire sont plus susceptibles de fermer que ceux dans les quartiers à prédominance blanche, et cela constitue de ce fait un problème pour les Noirs d’avoir accès aux soins de santé tout près de chez eux.
Dans ce cas, qu’il y ait crise sanitaire ou non, un Afro-Américain vit beaucoup moins longtemps que son compatriote blanc.
D’ailleurs, depuis leur arrivée en tant qu’esclaves, en 1619, les Afro-Américains ont eu les pires soins de santé, le pire état de santé et les pires complications de santé de tout groupe racial ou ethnique des États-Unis.
Certes, les tristes statistiques concernant les Noirs américains et la COVID-19 nous démontrent que le phénomène est inquiétant, mais elles suggèrent aussi que les inégalités sociales et raciales dans ce pays qui a été fondé par le racisme et le ségrégationnisme se sont accrues.
Et nous ne pouvons négliger le fait que, contrairement aux privilégiés de l’Oncle Sam, beaucoup de Noirs occupent des emplois qui ne leur permettent pas de faire du télétravail, ce qui les empêche d’être confinés à la maison.
Martin Luther King Jr doit bien se retourner dans sa tombe et se demander si le rêve qu’il a fait à Washington en 1963 ne s’est pas transformé en cauchemar.
Par ailleurs, s’il est vrai qu’on peut blâmer la pauvreté et les iniquités sociales en matière de santé pour expliquer le lourd bilan de la population noire des États-Unis dans cette crise pandémique, il convient également de signaler la nonchalance de quelques individus.
Errare humanum est, persevera diabolicum, ce qui signifie « l’erreur est humaine, mais l’entêtement – dans son erreur – est diabolique ».
Or, soit par pur sentiment de révolte ou par ignorance, croyant à une invincibilité des personnes noires face à la pandémie, un bon nombre de gens de la communauté noire ont défié les consignes du gouvernement américain.
Il y avait même une vidéo en ligne nous montrant un BBQ organisé par des latinos et des Noirs, qui scandaient « F… the coronavirus ! »
Pour conclure, ma pensée va aux 100 000 victimes de la crise sanitaire mondialement. Qu’il s’agisse d’un Blanc, d’un Noir ou d’un Asiatique, une perte humaine est l’affaire de tout être humain.
Quant à la question du titre du texte, « Pourquoi le coronavirus discrimine-t-il les Noirs américains? », la réponse est simple : parce qu’il s’adapte aux mœurs et coutumes du pays…
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3 Commentaires
Sans vouloir diminuer l’impact de l’indiscipline, il y n’y a pas que cela. On a vu des téméraires un peu partout, à Montréal ce sont des juifs orthodoxes qui célébraient. La principale cause de cette disparité est la même qui paradoxalement épargne l’Afrique alors que les industrialisé en arrachent. C’est une agriculture chimique que l’on retrouve beaucoup plus dans la malbouffe.
Ce serait trop long d’élaborer la question ici, mais je compte le faire sous peu.
Vous avez tout à fait raison, Stanley. Il n’y a pas que les Noirs Américains qui ont manqué de discipline, mais la raison principale de la surmortalité dans la population noire est la pauvreté. Quant à l’Afrique, je suis quotidiennement ce qui se passe là-bas, et j’avoue que le viru est plutôt timide dans le berceau de l’humanité. Du moins, pour le moment.
Merci pour votre participation à la conversation, camarade. À bientôt.
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