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Monsieur Trump, les Haïtiens ne mangent pas de chiens, car leur cuisine est trop riche


M. Trump, à l’évidence, vous ne vous êtes pas libéré de vos souffrances intellectuelles : après avoir qualifié Haïti de pays de trou de merde, en 2018, vous avez atteint le paroxysme du crétinisme lorsque vous avez déclaré que les migrants haïtiens mangent des chiens et des chats, lors du débat présidentiel animé par la chaîne ABC, mardi.

Ah, j’allais oublier : lors d’une interview accordée à Sean Hannity sur Fox News, vous avez également affirmé que l’arrivée des migrants haïtiens aux États-Unis est un danger pour les Américains en ce qui concerne la pandémie du sida.

Les Haïtiens sont las d’être les souffre-douleur de politiciens comme vous. Pourquoi ne ciblez-vous pas d’autres groupes ?

Encore mieux, pourquoi ne faites-vous pas preuve de sagesse en cessant d’attaquer les femmes et les gens des communautés noires ?

M. Trump, vos dérives racistes constituent-elles des signes de démence ?

Comme la vice-présidente Kamala Harris l’a souligné durant le débat, hier, vous avez toujours promu la haine raciale, mais, selon moi, vous souffrez d’une obsession pathologique à l’égard des Haïtiens.

Puisque les filles et les fils de Dessalines vous passionnent, permettez-moi de vous expliquer pourquoi ils ne mangeraient pas de chiens ou chats, même s’ils mouraient de faim.

Premièrement, M. Trump, les Haïtiens consacrent beaucoup de temps au « nettoyage » de la viande qu’ils vont cuire.

Je dirais même ceci : qu’il s’agisse du poisson, du poulet ou du porc, les Haïtiens investissent un peu plus de temps et d’énergie au nettoyage qu’à la cuisson.

En effet, avant de mariner la viande, mes compatriotes se servent du vinaigre, du citron et ce qu’ils appellent « zoranj su » (oranges sûres) pour bien frotter chaque morceau de poulet ou de bœuf.

Et, M. Trump, saviez-vous que la grande majorité des migrants haïtiens ne mangeraient pas de poisson chez vous, de crainte de sentir l’odeur de votre poisson mal préparé ?

Loin de moi l’idée d’offenser votre cuisinier, mais je dois vous faire savoir que les personnes d’origine haïtienne sont très difficiles, je dirais même qu’elles souffrent un peu de néophobie alimentaire, donc il est totalement absurde d’affirmer que les migrants haïtiens mangent des chiens.

Donald J. Trump, vous n’occupez plus la plus haute fonction des États-Unis d’Amérique, mais vos déclarations antihaïtiennes ont suffisamment de poids pour conduire les Haïtiens de la diaspora à la persécution.

Vous devriez avoir honte d’utiliser les difficultés des migrants haïtiens à des fins d’opportunisme afin de récolter un maximum de votes lors des élections présidentielles du 5 novembre.

En réalité, M. Trump, je crois que vous seriez plus enclin à manger des chiens et des chats, car vous ne possédez pas la richesse culinaire des Haïtiens.

Sans vouloir froisser la culture américaine, j’affirme sans ambages que votre cuisine est pauvre.

Vous ne vivez peut-être pas en Arizona, mais vous vivez dans un désert culinaire : sans compter le règne du fast-food dans vos habitudes, votre « gastronomie » est composée de petits pois ou du maïs en conserve. De hot-dogs, de hamburgers et, bien sûr, de steak.

Or, à l’inverse, les migrants haïtiens, que vous dénigrez injustement, peuvent se vanter d’avoir un vaste choix culinaire.

M. Trump, dites-moi ! Seriez-vous frustré du fait que Melania ne puisse pas vous préparer du griot accompagné de bananes pesées et de pikliz ?

Peut-être qu’elle pourrait essayer de vous faire un bon riz djondjon ou de riz blanc sauce pois noirs.

À bien y penser, cette tâche serait trop lourde pour votre épouse. Demandez plutôt à votre chef cuisinier de vous préparer un riz collé au poulet noix, une spécialité du nord d’Haïti.

Je vous dresse une liste de plats haïtiens qui pourraient éveiller vos papilles gustatives et vous permettre de comprendre pourquoi les migrants auxquels vous faites allusion ne mangeraient jamais de chiens :

Le riz blanc avec sauce pois et légume, le maïs moulu et sauce de viande, le lalo de pattes de porc et de crabes (spécialité de l’Artibonite), sans oublier le tom tom et le komparèt de Jérémie.

Il y a aussi, le tchaka, qui est un ragoût de haricots rouges, de maïs et de viande de porc.

Et que dire du poisson gros sel et du poisson grillé ?

Ou encore du bouyon tèt kabrit (soupe de tête de chèvre) ainsi que de la soupe joumou ? Et je n’ose même pas vous parler de notre fritay et de notre pain patate.

Ah oui, avant de terminer, selon des sources fiables, Melania tient à ce que vous essayiez notre fameux plat de lambi.

Bref, comme vous pouvez le constater, les migrants haïtiens ne possèdent pas de millions, mais ils ont une riche culture.

Voyez-vous, dans la gastronomie haïtienne, il existe plus de 1804 spécialités, et les chiens ni les chat n’en font partie.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

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