Culture

Le Gala Dynastie se distingue des autres galas, et voici pourquoi


C’est le monde à l’envers. Alors que plusieurs s’interrogent sur la pertinence des galas, que ce soit chez nos voisins du Sud ou ici, le Gala Dynastie vise plus haut et compte aller plus loin, au grand bonheur des membres de la communauté noire, qui profitent de cet événement culturel pour faire des retrouvailles et fouler le célèbre Black Carpet, l’équivalence du tapis rouge.

Le samedi 27 avril, dès que je suis arrivé devant les portes du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts pour assister à la 8e édition du Gala Dynastie, je savais que j’entrais dans un monde de merveilles.

Le gratin artistique et politique de la communauté noire était présent, entre autres Corneille, Barnev, Michaëlle Jean, Frantz Benjamin, Frédéric Pierre ainsi que d’autres membres de la série télévisée Lakay Nou.

Outre le glamour du Black Carpet, ce qui a surtout attiré mon attention, c’est de voir autant de gens faire corps dans le but de célébrer pour la huitième fois cet événement qui symbolise l’autodétermination.

Des histoires remarquables à raconter

C’est à ce moment que j’ai su que cette soirée de remise de prix, qui valorise l’excellence des communautés noires, éclipserait les autres galas du Québec.

J’ose le dire, en toute objectivité.

Primo, au cours des dernières années, plusieurs acteurs du milieu artistique du Québec remettent en question les galas : TVA a largué le Gala Artis, et Radio-Canada a laissé tomber le Gala Québec Cinéma, qui a été récupéré par Noovo.

Pire encore, en 2020, le Gala des prix Gémeaux a perdu 45% de ses auditeurs, le Gala Artis a connu une baisse de cotes d’écoute de 32% et les Olivier ont chuté de 28% comparativement à l’année précédente.

Secundo, il faut comprendre qu’au-delà des talents dont regorge la communauté noire, une chose est certaine : elle a une histoire à raconter, comme ses combats, sa résilience, ses joies et ses peines, qui lui confèrent un charme incontestable et un caractère inégalable.

Par exemple, quand Corneille est monté sur scène pour recevoir le prix Icône Dynastie, il a certes évoqué Malik Shaheed, Marlyne Afflack et Varda Étienne, des animateurs de MusiquePlus, qui lui servaient de modèle, mais il n’avait pas à nous en dire plus à ce sujet pour savoir qu’il revient de loin.

Des combats difficiles

Le Gala Dynastie, lui-même, a sa propre histoire, qui est à la fois triste et inspirante. Une histoire qui doit être régulièrement racontée.

En 2016, après avoir constaté que les artistes noirs étaient ostracisés par les autres galas québécois, Carla Beauvais, Jacques Léonard et Marjorie Morin-Lapointe ont fondé le Gala Dynastie afin que les personnes noires qui gravitent dans les arts, la culture et les médias soient récompensées.

Or, depuis 2017, différents prix sont décernés à des artistes et des professionnels des médias qui excellent, tant au niveau national que mondial.

Et ce n’est pas tout : Natyf TV, qui, pour une deuxième année consécutive, a été le diffuseur officiel du Gala Dynastie, a également mené un combat difficile.

Fondée en 2018 par Jean-Yves Roux, Natyf TV était une chaîne spécialisée dans l’offre payante de Belle Média. Or, le 31 août 2023, après un long combat mené contre les principaux câblodistributeurs qui s’opposaient à son émancipation, Natyf TV a reçu le feu vert du CRTC, qui a ordonné aux fournisseurs de distribuer la chaîne dédiée aux communautés racisées, point barre.

Autrement dit, aujourd’hui, toutes les personnes abonnées à la télévision au Québec ont automatiquement l’accès à Natyf TV.

Michaëlle Jean, ex-gouverneure générale du Canada et Tamara Thermitus, ancienne présidente du CDPJ, qui ont reçu le prix Impact Dynastie lors des Prix Médias Dynastie, ont aussi des histoires à raconter. Des histoires sur le sexisme, le racisme et la mysoginoir.

Bâtir sa Dynastie

Bref, parmi les 14 lauréats du gala, de vraies histoires de résilience et d’espoir ont été relatées, notamment celle de la légende mondiale de jazz, Oliver Jones, qui a reçu le prestigieux Grand Prix Dynastie (Prix Doudou-Boicel), soulignant l’engagement, et qui est né dans le quartier la Petite-Bourgogne.

Pour mieux comprendre la dynamique de ce quartier, qui a été surnommé par les Américains le « Harlem du Nord », je vous propose de regarder le documentaire Dear Jackie, du réalisateur Henri Pardo.

Notons que l’humoriste Garihanna Jean-Louis, qui a remplacé l’inimitable Erich Preach à l’animation, a fait un travail remarquable. J’ai particulièrement aimé le numéro qu’elle fait avec sa sœur.

Sommairement, l’édition 2024 du Gala Dynastie a été un succès et le couronnement de cette belle soirée est survenu au moment où les gens se sont réunis à la salle Wilfrid-Pelletier pour danser et faire la fête jusqu’aux petites heures du matin.

Et pour ceux et celles qui s’interrogent sur le prix des billets, permettez-moi de vous rappeler ceci :

Bâtir sa Dynastie est bien. Cependant, le plus important est la pérennité de cette dynastie, et cela n’a pas de prix.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

3 Commentaires

    • Walter Innocent Jr. Répondre

      Merci beaucoup, Myriam. C’est grandement apprécié. À bientôt !

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