Culture

La chanteuse haïtienne Rutshelle fait vibrer le Rialto et séduit Montréal


Après trois albums qui l’ont hissée au sommet de la musique haïtienne, on aurait pu penser que la chanteuse Rutshelle n’avait plus rien à prouver. Eh bien, non, ce n’était pas le cas ! Acclamée par le public du théâtre Rialto, samedi soir, Rutshelle Guillaume (de son nom complet), qui jouait à guichets fermés, a donné un spectacle empreint de sensualité et du konpa de Nemours Jean-Baptiste.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds au théâtre Rialto. Depuis une trentaine d’années, la fois où le groupe rap Public Enemy était venu galvaniser la jeunesse noire avec son message révolutionnaire.

Le triomphe de Rutshelle

Or, hier, lorsque je me suis présenté à la célèbre salle de spectacle, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Il faut dire que, sur le plan musical, je connaissais très peu Rutshelle. Peut-être une chanson ou deux.

Je m’aventurais donc en terrain inconnu, en prenant place dans la rangée des spectateurs non avertis.

Cependant, dès qu’elle est montée sur scène pour chanter, je me suis senti comme chez moi, dans son monde (le RG Xperience) où Haïti et l’amour occupent une place centrale.

Sa prestance ainsi que sa voix à la fois douce et puissante m’ont particulièrement séduit.

En fait, Rutshelle savait quoi faire pour mettre la foule en délire. La complicité et la chimie qui existent entre le public et elle ne sont pas le fait du hasard : les morceaux tels que « M pa la ankò », « Rete la », « Denye wòn », « Doudou an mwen », et « Lost Without You », qu’elle a chantés avec émotion et intensité, accompagnent un bon nombre de gens dans leur quotidien.

Ses tenues de scène étaient d’une rare élégance, ce qui donnait beaucoup de prestige au concert.

Comme le disait mon ami Kiko, Rutshelle, qui aura bientôt 36 ans, représente la musique haïtienne, et le fait que le public reprenait en chœur le refrain de chaque chanson en est la preuve.

Mais qui est vraiment la Diva à la voix d’or ?

Née à Port-au-Prince, Rutshelle a développé très tôt dans son jeune âge un amour pour le chant à l’église de son père, qui est pasteur. Après avoir enseigné pendant deux ans au prestigieux collège Bird, à Port-au-Prince, au début des années 2010, la reine du konpa se consacre pleinement à la musique, ce qui lui a permis de sortir son premier album intitulé Emotions, en 2014.

Et en 2021, elle a été désignée meilleure artiste de la diaspora aux All Africa Music Awards.

Tous ensemble

Il importe de savoir que le spectacle d’hier n’a pas été l’affaire d’une seule personne, mais bien de l’ensemble des chanteurs, comme T Joe Zenny, Phylissia Ross, BIC et Anthony Drew, qui ont répondu à l’appel de Bassmint Entertainment, qui a organisé l’événement.

D’ailleurs, l’un des moments forts de la soirée a été lorsque Phylissia Ross s’est jointe à Rutshelle pour interpréter en duo deux chansons avec elle. Et les musiciens ont été à la hauteur des attentes.

Notons également la présence de Carel Pedre, qui a effectué un travail colossal comme animateur, ainsi que celle de l’humoriste Gaëlle Bien-Aimé, qui assistait au spectacle. Des admirateurs sont venus de la Floride, de Boston et d’Ottawa pour applaudir la diva.

La soirée s’est merveilleusement déroulée, devant un public passionné et respectueux, heureux de pouvoir danser et fredonner les chansons de son idole.

Je lève mon chapeau à Bassmint Entertainment pour l’organisation du spectacle. Lors d’un entretien avec le président de Bassmint Entertainment, Carl Osias, mieux connu sous le nom de Bass, nous avons fait un bref retour dans le passé, à l’époque où il était un jeune DJ, afin d’analyser l’évolution des activités culturelles de la communauté noire de Montréal.

Ses yeux brillaient lorsque j’ai commencé à lui énumérer certains bars et évènements dans lesquels il jouait.

« Certes, je voulais faire un peu d’argent pour pouvoir acheter les nouveaux disques qui sortaient à l’époque. Cependant, ce qui me motivait réellement, c’était d’assouvir ma passion pour la musique », a philosophé Carl Osias, l’homme derrière l’événement RG Xperience, qui est épaulé par toute une équipe.

Or, aujourd’hui, sa passion pour la musique est encore là. Mais ce qui est encore plus présent dans son esprit, c’est sa mission d’élever les événements musicaux de la communauté noire à un niveau jamais atteint auparavant.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

2 Commentaires

  1. Quelle belle lecture, Walter. Merci d’être venu et surtout d’avoir prêté ta plume.
    En espérant te voir davantage dans ces événements culturels. Ton partage est devenu essentiel, selon moi. Je t’attends dans les événements de Bass-Mint Entertainment ainsi que ceux de BeLoud.
    Encore une fois, merci.

    • Walter Innocent Jr. Répondre

      Merci beaucoup pour ces bons mots, Johanne ! C’est grandement apprécié. Ce fut une belle expérience pour moi, et je compte être un peu plus présent dans vos activités.

      À bientôt !

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