La victoire écrasante de Donald Trump aux élections de 2024 fait très mal au Parti démocrate. Mais ce dernier ne devrait pas chercher plus loin que la stratégie de sa campagne électorale pour expliquer sa défaite. Certes, la misogynie et le racisme sont encore présents aux États-Unis, mais quand le message d’un candidat ou d’une candidate à la présidence n’est pas assez clair, la situation devient chaotique.
Le Parti démocrate n’a que lui-même à blâmer pour sa soirée d’élection lamentable, où le candidat républicain de 78 ans, Donald Trump, a balayé la candidate Kamala Harris.
Une victoire sans équivoque
Le suspense tant annoncé par les grandes maisons de sondage n’était pas au rendez-vous : durant la grande soirée du mardi 5 novembre 2024, dès la sortie des premiers résultats, on savait que le candidat criminel allait reprendre possession des clés de la Maison-Blanche.
Donald Trump s’est comporté en maître absolu dans les États clés, et c’était particulièrement douloureux pour les partisans démocrates de constater le raz de marée rouge sur la carte électorale affichée par les médias.
Mais qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec les démocrates ?
En premier lieu, autant j’étais enchanté à l’idée de voir une femme prendre finalement les rênes du très puissant Oncle Sam, j’étais peu convaincu de la nomination de la vice-présidente Kamala Harris pour remplacer Joe Biden comme candidat à l’élection présidentielle américaine de 2024.
En fait, pour être juste envers l’ancienne procureure, Joe Biden a pris trop de temps pour se retirer de la course (21 juillet), ce qui a handicapé Mme Harris, qui n’avait que trois mois pour se préparer, contrairement à son adversaire, Donald Trump, qui menait sa campagne depuis belle lurette.
Les médias et le silence de Kamala Harris
Plus l’équipe de campagne de Kamala Harris éloignait celle-ci des micros des chaînes de télévision, plus l’engouement pour Donald Trump, qui, en revanche, multipliait les interviews, croissait.
Peut-on qualifier la décision des démocrates d’interdir à Kamala Harris de s’engager avec les journalistes durant les premières semaines de sa campagne comme étant une erreur ?
En théorie, oui. Mais en réalité, ils étaient conscients des lacunes de leur candidate à répondre aux questions d’ordre politique.
Par exemple, lors de l’apparition de Harris à l’émission The View, de la chaîne ABC, la coanimatrice Sunny Hostin, très démocrate et anti-Trump, lui a offert sur un plateau d’argent l’occasion de se définir en tant que candidate à la présidence et de se dissocier de l’impopulaire président Joe Biden en lui posant la question suivante :
« Auriez-vous fait quelque chose de différent du président Biden au cours des quatre dernières années ? »
« Il n’y a rien qui me vient à l’esprit », a déclaré Kamala Harris, qui n’a pas pensé à la majorité de la population américaine qui croit que Joe Biden est le principal responsable des problèmes économiques du pays ainsi que de l’échec de la politique migratoire de celui-ci.
Ce n’est pas compliqué : au cours des derniers mois, la cote de popularité de Biden était au plus bas, selon la chaîne de télévision CNN.
Les républicains n’ont pas pris de temps pour se servir du commentaire de Mme Harris dans leur campagne de publicité politique.
À certains moments durant la campagne, la machine démocrate semblait être désemparée par le populisme de Donald Trump, qui insistait sur le thème de l’immigration, en alléguant même que les migrants haïtiens de Springfield, en Ohio, mangeaient les chats et les chiens des citoyens.
À mon avis, dans le clan de Mme Harris, on soupçonnait secrètement que Trump s’approchait lentement mais sûrement de la ligne d’arrivée, et cette inquiétude a poussé les cerveaux de la campagne de la vice-présidente à faire appel à de nombreuses célébrités pour attirer l’attention des électeurs.
Aujourd’hui, comme certains analystes l’avaient souligné, on se rend compte que cela a plutôt été une distraction, car les gens auraient préféré que la sexagénaire en dise un peu plus que la redondante phrase « J’ai grandi dans une famille de classe moyenne… » afin de se distinguer de Trump, qui ment, médit et divague, mais qui parle dans un langage qui résonne aux oreilles des électeurs des États pivots.
Poursuivant cette réflexion, il convient de mentionner que Kamala Harris a peut-être été victime de traitement différencié, c’est-à-dire que Donald Trump peut dire n’importe quoi, sans la moindre critique, mais, dès qu’il s’agit de la vice-présidente, ses propos dépourvus de sens font l’objet d’analyses exhaustives.
Trump contre Harris, un duel inégal
Les choses auraient-elles été différentes si Harris avait participé au podcast The Joe Rogan Experience, qui est le plus écouté aux États-Unis ?
Aurait-elle pu convaincre les électeurs indécis si elle avait mis l’accent sur un programme solide plutôt que sur le fascisme de Donald Trump et sur les événements du 6 janvier 2021 ?
On ne le saura jamais, mais une chose est certaine : comme on dit dans le langage sportif, Harris-Trump ne constituait pas un bon « matchup » (duel), et cela était particulièrement perceptible lorsque le candidat milliardaire s’est présenté avec dérision dans un McDonald’s pour servir les frites aux clients, en Pennsylvanie, État sacré de l’élection présidentielle.
Il y a aussi eu sa fameuse conférence de presse où il était assis dans un camion-poubelle, portant une tenue d’éboueur.
Il est très difficile qu’une avocate de profession, qui a été procureure générale de la Californie, puisse répondre aux dérives populistes d’un candidat qui a été reconnu coupable d’accusations criminelles.
In fine, le calcul des démocrates s’est avéré catastrophique, commençant par le retrait tardif de Joe Biden. Au lieu de pointer du doigt, ils doivent se regarder dans le miroir.
Quant à Kamala Harris, bien qu’il lui reste encore de très belles années dans le monde de la politique, je doute fort qu’elle soit à nouveau candidate à la présidence.
Cependant, en 2028, une autre femme, qu’elle soit noire, blanche ou autre, reviendra pour briser le plafond de verre dans le pays de Marvel, où les « superhéros » masculins règnent.
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2 Commentaires
Bonjour Walter.
Tu débutes par « La victoire écrasante ». Trump a devancé Harris par 0.6, 1.4, 2.1 et 2.2 % dans les états WI, MI, PA et GA respectivement. Il suffisait que 0.4, 0.8, 1.1 et 1.2% des votants renversent leur appui vers Harris pour que ces 60 votes électoraux soient gagnés par Harris. Elle avait ces votes à la fin de septembre ou plus précisément jusqu’à la très stupide tentative d’assassinat en Floride.
Je crois que c’est plus qu’une coïncidence. Les démocrates ont alors adouci leurs attaques. Ils n’auraient pas dû, car ils ne faisaient que dire la vérité. La lente descente de Harris s’est prolongée tout le mois d’octobre.
Tu écris aussi que le Parti démocrate n’a que lui-même à blâmer. Il serait plus juste de dire Biden et son entourage. Biden n’avait peut-être plus l’acuité mentale pour s’en apercevoir lui-même, mais son entourage le savait sûrement inapte à faire une autre campagne. Pourquoi se sont-ils tus? J’espère que cela sera divulgué un jour. Lorsqu’au printemps 2023, il a annoncé qu’il se représenterait, il m’était évident qu’il aurait beaucoup de difficultés à se faire réélire. Pourquoi les influents sénateurs démocrates n’ont rien dit?
Après son désastreux débat, Biden a mis un mois avant de se désister. Il ne restait qu’un mois avant la convention. J’aurais préféré que le candidat soit élu à cette convention. Les démocrates ont choisi la voie facile en désignant Mme Harris. Elle a choisi Walz comme co-listier. Le tandem a généré beaucoup d’enthousiasme, mais l’effet s’est dissipé. Walz en bout de ligne a été plutôt décevant. Mme Harris était très prudente. Elle n’avait guère le choix, vu son manque d’expérience dans la pratique de la politique. Son expérience en tant que vice-présidente est peu significative. Ce qui lui a le plus hamdicapé est son manque quasi total d’expérience en économie. Elle aurait dû dénicher un porte parole économique très crédible et lui confier la tâche de parler presque quotidiennement aux médias en son nom. Mais elle a dû tout faire si rapidement. Il est ironique que ce soit à l’émission The View (fort probablement l’émission grand public la plus pro Harris des USA) que Mme Harris ait été le plus malhabile, comme tu as mentionné.
Merrick Garland est aussi grandement responsable d’avoir attendu presque deux ans avant de bouger. De plus, je ne pardonnerai jamais à la procureur Fani Willis d’avoir si bêtement bousillé le plus important procès de l’histoire américaine. Ce procès n’aurait été dépassé en importance que par ceux de Jack Smith. Pensons-y, le président battu enregistré faisant des pressions pour que l’État de Georgie triche en recomptant les résultats. C’était de la pure dynamite. Comment se fait-il que ce procès n’ait jamais été mentionné durant la campagne?
Mes propos sont un peu décousus. Je suis tellement dégouté, je ne veux plus passer beaucoup de temps à la politique américaine, du moins pour plusieurs mois.
Ah, mon cher Luc, on ne pourra jamais demander à un libéral de faire preuve d’ojectvité quand il quand il analyse lle Parti démocrate. Ha ha… Je te taquine. Je pense que beaucoup de démocrates sont dans le déni. Je savais dès le début que Kamala Harris allait perdre. Elle n’a pas été à la hautuer des attentes et les démocrates le savaient dès e début. Biden l’a choisie volontairement dans le but de nuire à ceux et celles qui le possaient à se retirer. Même Obama était sceptique en ce qui concerne sa nomination.
De plus, la grande erreur de Kamala a été celle d’avoir boudé Josh Shapiro, selon moi. Trump n’est pas fort, c’est plutôt le fait que les démocrates ont commis beaucoup de gaffes et les gens avaient aussi besoin d’un changement.
À bientôt, cher ami !