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4 anecdotes étonnantes sur les qualités athlétiques de Bruny Surin


Dans mon livre à moi, Bruny Surin figure parmi les 10 plus grands athlètes de l’histoire du Québec. Pour reprendre une citation célèbre de Stéphane Richer, ancien joueur du Canadien de Montréal, « Y’a pas juste le hockey dans la vie ». Il y a aussi l’athlétisme, dont le 100 mètres (sprint), qui est l’épreuve reine des Jeux olympiques. Inutile de vous dire que Surin excellait dans ce domaine.

Quatre participations aux Jeux olympiques, dont une médaille d’or au relais 4 x 100 mètres, un record canadien au 100 m, deux fois médaillé d’argent au Championnat du monde d’athlétisme et huit titres au Championnat canadien d’athlétisme au 100 m pour Bruny Surin.

Qui dit mieux ?

Indubitablement, ces chiffres sont révélateurs de l’influence que l’athlète d’origine haïtienne a eue sur le sport canadien.

Or, dans le but de célébrer les exploits sportifs de ce joyau de la société québécoise, je vous propose quelques anecdotes qui vous feront peut-être rire, sourire et qui vous enchanteront.

1- Bruny et le grand parleur

Dans chaque quartier, il y a toujours un ami qui parle beaucoup plus que les autres, qui se vante incessamment d’être capable de faire ceci ou cela. Or, à l’époque, à Saint-Michel, Johnny Omicil, frère du musicien de jazz surdoué Jowee Omicil, incarnait cet ami vantard.

À dire vrai, il n’existait aucune personne aussi généreuse et serviable que Johnny dans le quartier, mais celui-ci aimait bien se péter les bretelles.

Un jour, à l’été 1985, alors que Johnny était chez moi et que nous regardions une compétition d’athlétisme à la télévision, il a saisi l’occasion pour raconter ses exploits en sprint, qu’il aurait réalisés quand il fréquentait l’Académie de Roberval, une école secondaire du quartier Villeray.

Quand est venu mon tour de lui parler de la vitesse de Bruny, Johnny n’a pu s’empêcher de faire de l’obstructionnisme en me coupant la parole : « Quoi ? Tu penses vraiment que ce bambin timide peut courir contre moi ? » a-t-il lancé.

J’ai appelé Bruny sur-le-champ, et après quelques minutes de conversation, les deux protagonistes se sont entendus pour qu’une course ait lieu le lendemain, sur le terrain de soccer du parc Sainte-Lucie, juste en face de ma maison.

Je devais agir comme juge et témoin de ce duel pour l’honneur, mais mon attachement à la grasse matinée du samedi m’a tenu à l’écart du spectacle.

Vers 10h, quelqu’un frappe à la porte. Quelques instants plus tard, j’entends la voix de Johnny qui se lamentait sur ce qu’il venait de subir : « Adje, Paulette, nèg Bruny an rapid tout bon wi », a-t-il dit à ma défunte mère lorsqu’elle lui a ouvert la porte. Derrière lui, Bruny pouffait de rire, et lorsqu’il est dans cet état, impossible de lui arracher les mots de la bouche.

Johnny a fini par raconter ce qu’il venait de vivre avec Bruny, qui lui avait concédé 10 mètres d’avance au départ de la course. Nous avons tous rigolé, et ça s’est amplifié quand ma mère a proposé de lui préparer un plat de « mayi moulen » afin qu’il puisse tenir tête à Bruny dans l’avenir.

Le fait important que Johnny ignorait, c’est que Bruny était en pleine préparation pour les Jeux d’été du Canada, au triple saut, à Saint John, au Nouveau-Brunswick.

2– Quand Bruny imite Michael Jordan

Durant les années 1980, comme tant d’autres jeunes afrodescendants de cette époque, Bruny était un grand admirateur de Michael Jordan, et il passait autant de temps sur les terrains de basketball que sur les pistes d’athlétisme.

En 1988, Michael Jordan a émerveillé le monde de la NBA lorsqu’il a effectué un dunk en décollant de la ligne des lancers francs, ce qui lui a permis de vaincre Dominique Wilkins une deuxième année consécutive, au concours du « Slam Dunk ».

Bruny, Harry Blanc, le défunt Wilsend Chrispin et moi avions passé des heures à visionner cet évènement sportif grâce à une cassette vidéo.

C’était devenu notre sujet de conversation, et plus on débattait sur le résultat des juges de ce concours de dunk qui est passé à l’histoire, plus Bruny passait du temps devant sa télé Toshiba et son magnétoscope VHS JVC pour revoir le célèbre dunk de son idole, seul, chez lui.

Un soir, nous sommes allés assister à un match de basketball collégial au Cégep du Vieux Montréal. Comme à l’habitude, des amateurs de basket qui se trouvaient à l’assistance ont profité de la période d’échauffement d’avant-match pour prendre d’assaut le terrain et montrer leurs talents de « dunkeur ».

Quand Bruny a mis la main sur un des ballons et qu’il s’est positionné un peu plus loin de la ligne médiane du terrain, nous avions compris ce qui se passait et nous avons demandé gentiment aux gens de lui faire de la place.

Comme Michael Jordan et Julius « Dr. J » Erving l’ont fait, Bruny a couru et a décollé de la ligne des lancers francs pour voler et aller déposer le ballon dans le panier.

Quel dunk !

À la suite de cette prouesse individuelle, les joueurs des deux équipes s’interrogeaient sur ce jeune homme qui n’était pas inscrit dans une équipe de basketball, mais qui a pu voler et « dunker » comme Michael Jordan.

Voyez-vous, grâce à ses qualités athlétiques, Bruny parvenait à exceller dans les sports auxquels il participait.

Par exemple, au soccer, il n’était pas aussi bon que son cousin Fred Darius et Wilsend Chrispin, mais sa vitesse lui permettait d’avoir une longueur d’avance sur les autres.

Pour la petite histoire, lorsque Bruny a effectué son fameux dunk, il se préparait dans le but de participer à ses premiers Jeux olympiques, à l’épreuve du saut en longueur, à Séoul, en Corée du Sud.

3– Bruny qui court après l’autobus

Un après-midi, Bruny et moi attendions le bus à l’arrêt, sur la rue Charland, afin de nous rendre au Centre Claude-Robillard. Pour une raison inexplicable, le bus est passé à grande vitesse, s’arrêtant seulement à une lumière rouge, deux arrêts suivant le nôtre.

Instinctivement, j’ai regardé Bruny, et il m’a remis son sac de sport et s’est mis à courir pour rattraper l’autobus. Ce fut chose faite, et quand je suis monté dans le bus, le chauffeur s’est confondu en excuses, allant même jusqu’à évoquer la distraction, à savoir qu’il rêvassait (être dans la lune) quand il est passé tout droit.

STM, we have a problem !

Bruny et moi avons un peu ri de la situation, et chaque fois que je croisais le chauffeur, la même question revenait : « comment va ton ami champion ? » me demandait-il, sans savoir qu’il prophétisait au sujet du petit gars de Saint-Michel.

4– Quand l’entraîneur de Bruny le met au défi

En 1986, un vendredi, nous (Harry, Wilsend, Bruny et moi) sommes arrivés au Complexe sportif Claude-Robillard tardivement. L’entraîneur Daniel Saint-Hilaire, un entraîneur motivateur, qui sait comment tirer le meilleur de ses athlètes, a constaté que la séance d’entraînement était un peu plus difficile que les autres.

Afin de remédier à la situation, il a dit à Bruny que s’il battait son record en saut en longueur, il amènerait tout le monde au restaurant. Autrement dit, si Bruny sautait au-delà de 7 m 10, nous allions tous manger de la pizza au resto.

Sous nos mots d’encouragement, Bruny s’est présenté sur la piste d’élan, et après un court moment de concentration, il court, s’élance et, d’un bond considérable, il améliore son record de 63 centimètres.

7, 73 mètres pour un jeune de 19 ans, qui avait commencé à pratiquer sérieusement l’athlétisme à un âge aussi tardif, c’était tout un exploit.

Nous avons sauté de joie, et comme promis, Daniel nous a amenés au resto, et le lendemain, il nous a fait découvrir le club Métropolis ainsi que le célèbre restaurant Lola’s Paradise, qui était situé sur le boulevard Saint-Laurent.

En réalité, ce n’était pas tant pour la pizza que Bruny avait réalisé ce bond prodigieux, mais bien pour relever le défi de son entraîneur.

Certes, le talent de Bruny Surin sautait aux yeux, mais il a travaillé durement pour être membre du Panthéon des sports canadiens et du Parthénon des sports du Québec.

Je ne partage pas toujours ses opinions sur certains enjeux de la société, mais sur le plan sportif, je lui lève mon chapeau.

Et vous, quelles sont vos anecdotes sur Bruny Surin ?


Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.

Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

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