Créé en 2013 à la suite de l’acquittement de George Zimmerman, un surveillant de voisinage, qui avait tué un adolescent noir, Trayvon Martin, au cours d’une « altercation », le mouvement Black Lives Matter a pu mobiliser des millions de gens à travers la planète pour lutter contre les brutalités policières et le racisme systémique. Mais aujourd’hui, force est de constater que ces trois mots emblématiques ne suffisent pas.
Alors que des fresques « Black Lives Matter » décorent des rues de Washington, de New York, de Montréal et de Toronto, les Noirs de l’Amérique du Nord continuent de tomber sous les balles des policiers blancs et des militants d’extrême droite.
L’histoire se répète
Trois mois après les huit minutes infernales de l’affaire George Floyd, les sept balles tirées dans le dos de Jacob Blake, un Afro-Américain, démontrent que, malgré les innombrables manifestations contre les violences policières et le racisme, l’Amérique blanche a du mal à saisir le message « Black Lives Matter ».
Déjà paralysée par les menottes de la discrimination raciale, la vie de cet homme de 29 ans vient d’être bouleversée par des hommes en bleu qui n’ont aucune considération pour les personnes à la peau noire. Hélas, Jacob Blake ne pourra plus se tenir debout ou marcher sans assistance.
La vie des Noirs n’a jamais été aussi en danger qu’aujourd’hui, et le système de domination blanche est toujours en place, 57 ans après que Martin Luther King, le leader de la lutte pour les droits civiques, a rêvé d’une Amérique fraternelle, où Blancs et Noirs se retrouveraient unis et libres.
Que s’est-il donc passé ? Pourquoi les Noirs de l’Occident doivent-ils souligner l’importance de leur vie ?
Pour mieux affronter cette réalité lourde d’inégalités raciales, disons les choses clairement : les Blancs sont bien au fait des valeurs humaines, c’est-à-dire qu’ils savent que la vie des Noirs compte, tout comme ils savaient parfaitement qu’il était inhumain de réduire nos ancêtres en esclavage.
Le 11 novembre 1987 au matin, le policier montréalais, Allan Gosset, savait également que la vie du jeune Noir, Anthony Griffin, 19 ans, ne faisait que commencer et qu’elle était précieuse, lorsqu’il lui a tiré une balle dans la tête.
Et nul ne peut prétendre que le SPVM – appelé SPCUM à l’époque – ainsi que le gouvernement du Québec, qui ont accordé l’impunité au policier assassin, ne savaient pas que la vie des citoyens noirs de la province compte.
En 1992, le jury composé de 10 Blancs, un Asiatique et un Hispanophone, qui a acquitté les quatre policiers blancs dans l’affaire Rodney King, était conscient du fait qu’il était barbare d’assener plus de 50 coups de matraque et de coups de pied à une personne, que celle-ci soit noire ou blanche.
Ne pensez-vous pas que le policier impliqué dans la mort de Breonna Taylor savait que la vie de l’Afro-Américaine était plus importante que son désir de tuer?
Du meurtre de l’adolescent Trayvon Martin en 2012, à celui d’Eric Garner en 2014 jusqu’à l’assassinat de Philando Castile en 2016, la vie de ces Afro-descendants comptait énormément et la société américaine, qui est fondée sur le racisme et le ségrégationnisme, le sait trop bien.
« Black Lives Matter », un slogan accrocheur et rassembleur
Eh oui, après le meurtre de George Floyd, l’Amérique blanche a finalement compris qu’elle devait commencer à parler de racisme et d’iniquités raciales. Elle est même descendue dans la rue pour exprimer son indignation en scandant haut et fort le slogan « Black Lives Matter ».
Quand la culpabilité blanche s’allie à la colère noire, on assiste inévitablement à la formation d’un mélange explosif. Cependant, s’il existe une incohérence dans cette démarche solidaire, les munitions nécessaires à cette grande révolution peuvent être désamorcées.
Je m’explique.
Selon moi, le slogan « Black Lives Matter » risque d’être fugace ou de perdre son sens symbolique s’il n’est pas traduit par des actions concrètes des alliés blancs, qui ne jurent que par ces trois mots accrocheurs et rassembleurs.
Certes, il est de la responsabilité de chacun de se battre pour vaincre le racisme et les violences policières perpétrées envers les Noirs, mais les Blancs doivent fournir de plus grands efforts.
En d’autres termes, ils doivent travailler trois ou quatre fois plus fort que les Noirs afin de faire tomber un système qu’ils ont eux-mêmes érigé.
Ils ne devraient pas avoir besoin d’entendre les mots Black Lives Matter pour comprendre que leur privilège constitue un obstacle à l’avancement des communautés noires.
Par exemple, à quoi bon arborer un T-shirt proclamant « Black Lives Matter » durant le week-end quand vous fermez les yeux sur le manque de diversité dans votre milieu de travail en semaine ?
Cher allié, il m’importe peu de connaître le nombre de pays africains que vous avez visités dans votre vie si vous ne dénoncez pas votre voisin ou votre ami blanc qui refuse de louer son logement à une personne noire.
Il est bien de voir des fresques Black Lives Matter sur la rue principale du centre-ville de Montréal et dans des parcs de Rivière-des-Prairies, mais ce qui est encore plus déterminant, c’est ce que disent en privé la mairesse Valérie Plante et ses conseillers en ce qui a trait au profilage racial qui perturbe la vie des Afro-Montréalais.
J’ai bien aimé voir le premier ministre Justin Trudeau s’agenouiller pour protester contre le racisme, mais je serais encore plus heureux d’apprendre qu’il criminalisera le racisme anti-noir et s’attaquera au racisme systémique de son pays.
Le boycottage serait-il la solution ?
Pourquoi des célébrités blanches n’ont-elles pas imité la Nippo-Haïtienne Naomi Osaka et les joueurs de la NBA, qui ont boycotté leurs activités sportives en guise de réponse à l’incident de Kenosha ?
Pour revenir au geste héroïque de ces athlètes noirs, le mot d’ordre est donné : pour obtenir justice dans un système capitaliste, ça prend le boycott, le boycott et le boycott.
C’est ce qui semble faire plier la société nord-américaine, qui ne pleure que lorsque l’argent meurt.
Comme me disait mon ami Charlie tout récemment : « Si les Noirs du Québec, plus particulièrement ceux qui travaillent dans le milieu de la santé – infirmières, ergothérapeutes, infirmières auxiliaires et préposés aux bénéficiaires – décidaient de rester à la maison pendant trois jours, le premier ministre François Legault ferait la guerre au racisme systémique ».
Et si Dominique Anglade, Frantz Benjamin, Nadine Girault et Lionel Carmant s’éloignaient de l’Assemblée nationale une journée ou deux?
Bien sûr, certains diront, à raison, que la plupart des travailleurs noirs du Québec ne gagnent pas le salaire de Lebron James, de Naomi Osaka ou de Dominique Anglade, mais comme l’a si bien dit un étudiant haïtien déplorant le déclin de son pays dans une entrevue, « les esclaves de Saint-Domingue – Haïti – n’avaient ni argent ni armes quand ils ont chassé les colons. Ils n’étaient armés que de courage. Liberté ou la mort ».
Pour conclure, j’applaudis les efforts déployés par Carla Beauvais, qui a placé Montréal sur la carte mondiale de la conscience sociale avec la géante fresque « La vie des Noir.e.s compte ».
Je salue également les alliés, qui se sont joints à la cause noire en véhiculant le slogan « Black Lives Matter ».
Cependant, il vient une heure où revendiquer et protester ne suffisent plus : après les belles paroles, il faut l’action.
Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.
2 Commentaires
tu veux te sentir representé c’est simple retourne en haiti !
le quebec a ete construit par les blancs et les blancs sont maitres chez eux donc les noirs n’y sont pas représentatifs donc ils n’ont pas a y etre représentés, logique. tout autre demande est illégitime, les noirs ne peuvent etre représentés que chez eux.
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