Culture

Le DJ haïtien Michael Brun et une bande de rara électrisent Montréal


Comme le disait si bien le musicien Guy Durosier dans sa chanson « Tanbou frape », créée en collaboration avec Septentrional, « tanbou frape, ayisien kontan… se yon bagay yo pran nan nesans ». En effet, le comportement de l’Haïtien commence à changer dès qu’il entend le son du rara : il devient joyeux et remonte aux sources de l’Afrique.

Avant de parler de la bande de rara, qui a agréablement surpris les spectateurs de l’exceptionnel concert intitulé « Bayo », qui a lieu vendredi soir à la salle de spectacle Telus, saluons la performance du compositeur et DJ Michael Brun et de ses artistes invités.

L’ambiance festive était au rendez-vous, car le public était nombreux (2200) à vibrer au son de musiques qui mettent à l’honneur Haïti et divers pays du monde.

C’est dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal que plus d’une douzaine d’artistes ont accompagné tour à tour Michael Brun, qui faisait de la magie sur la table tournante.

Vers 22 h 45, avec un peu de retard, le talentueux chanteur Paul Beaubrun, qui s’est transformé en Jimi Hendrix, a donné le ton de cette belle soirée qui s’est terminée plus tard que prévu, dans les rues du centre-ville, grâce à l’animation léoganaise de Rarajazz de Montréal.

Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu autant d’énergie dans un concert présenté à Montréal. On peut penser au spectacle de Stromae l’automne dernier et celui du groupe The Roots, qui a été le spectacle de clôture de la 42e édition du Festival de jazz l’an dernier, mais en réalité, Bayo n’a rien à envier aux autres concerts.

Le public, majoritairement composé de membres de la communauté haïtienne, n’a connu aucun moment de répit hier : de la musique rabòday à la musique konpa, en passant par le reggae, les Montréalais ont laissé éclater leur bonheur quand Michael Brun « mixait » et présentait les artistes invités, comme Baky, Naïka, Anie Alerte, Kolo, Corneille, Steeves J. Bryan et Darline Deska.

Une liste de grands noms de la musique noire.

« Mon prochain artiste est celui qui m’a fait tomber en amour avec Montréal, et je sais que vous l’aimez beaucoup », a lancé Michael Brun en présentant Corneille. Ce dernier n’a pas attendu que son nom soit cité pour se donner au public, qui l’a accueilli chaleureusement.

Jusque là, Corneille et Baky étaient ceux qui avaient reçu la plus grande ovation, mais lorsque Boukman Eksperyans est venu clôturer la soirée, la foule était en euphorie et était prête « Kèm pa sote », la chanson phare du groupe.

« Kèm pa sote ane sa Boukman nan kanaval » (je ne m’inquiète pas cette année, car Boukman participe au carnaval), scandait la foule dans l’ancien Métropolis plein à craquer.

C’est ainsi que tous les artistes se sont joints à Boukman Eksperyans pour vivre l’expérience de la danse folklorique haïtienne. C’était un bel exemple d’harmonie entre musiciens de toutes les origines.

À ce moment-là, le public pensait que tout était terminé, mais une bande de rara connue sous le nom de Rarajazz de Montréal a prolongé la soirée jusqu’aux petites heures du matin avec le graj et leurs instruments à percussion.

Rarajazz de Montréal a pris une quinzaine de minutes pour rassembler les festivaliers avant d’investir la rue Sainte-Catherine avec spontanéité et passion, au grand plaisir des passants, qui souriaient et filmaient la scène.

Le rara est un défilé qui est considéré comme un symbole identitaire en Haïti, plus particulièrement à Léogâne et dans l’Artibonite. En fait, le rara honore la reine Anacaona et a été un élément important dans la révolution haïtienne.

Et pour ceux et celles qui ont manqué le spectacle de Bayo, il importe de savoir qu’il sera présenté à New York, au Central Park, le 22 juillet.

Pour conclure, je tiens à partager avec une des pensées de Platon en ce qui concerne la musique : « Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique ».

J’approuve totalement les propos du philosophe, et j’ajouterais qu’hier soir, Bayo et Rarajazz de Montréal ont montré aux Montréalais que les Haïtiens jouissent d’une richesse culturelle inestimable.


Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.


Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

Laisser un commentaire