Moi, si j’étais un homme, je serais capitaine, d’un bateau vert et blanc ». Vous avez sûrement déjà entendu ces paroles puissantes de la chanson interprétée par Diane Tell. Dans ce succès du début des années 1980, la chanteuse québécoise nourrit son imaginaire en se mettant dans la peau d’un homme.
Elle fait tout ce dont l’homme est « capable » et a l’habitude de faire : offrir des cadeaux dispendieux, voyager dans les plus beaux pays du monde et faire construire une villa à son partenaire.
En réalité, à cette époque, quand on était femme, ces choses-là ne se faisaient pas. Et pour la femme haïtienne, il lui était encore plus difficile de rêver à ce changement de rôle.
L’émancipation des Haïtiano-Québécoises
Or, aujourd’hui, en cette Journée internationale de la femme, je ne puis m’empêcher de mesurer le chemin parcouru par la femme haïtienne depuis la sortie de la chanson « Si j’étais un homme ».
Force est de constater que, 40 ans plus tard, les choses ont beaucoup changé. Les femmes haïtiennes ont pu devenir maîtresses de leur vie et de leur corps. Leur autonomisation leur a permis d’avancer dans la réalisation de leurs projets, qu’elles soient monoparentales ou non.
Elles n’ont plus vraiment besoin d’un homme pour s’acheter une maison, faire des voyages en famille ou poursuivre des études avancées.
En fait, elles sont devenues capitaines du bateau dont parlait Diane Tell. Pour ne pas nous confondre avec le Beau Grand Bateau de Gerry Boulet, baptisons celui des femmes haïtiennes la Belle Province.
Cette place de choix dans une société accueillante, mais pas trop permissive ne leur a toutefois pas été donnée. Mes soeurs haïtiano-québécoises l’ont prise par le travail acharné, la persévérance et, bien entendu, l’éducation.
À propos de l’éducation, si les universités du Québec pouvaient parler, la gent masculine de la communauté haïtienne serait sezi, pour employer ce terme haïtien.
En effet, les Haïtiennes parviennent à maîtriser presque tous les aspects de la vie grâce à l’obtention d’une maîtrise, d’un doctorat ou d’un baccalauréat…
Oui oui, les amis, je sais! La Journée de la femme doit nous rappeler que les droits des femmes ne sont pas respectés et que l’égalité de fait n’est toujours pas atteinte.
Cependant, en ce 8 mars 2019, je me permets de souligner l’évolution de la femme haïtienne.
Des sommets historiques
Je me penche sur les réussites scolaires et professionnelles de celles qui assurent l’avenir de ma communauté : il est reconnu que les femmes ont tendance à investir plus dans leur famille que les hommes, à bon entendeur….
J’encense celles qui, malgré les obstacles érigés par l’intersectionnalité, ont pu atteindre des sommets historiques.
Je parle évidemment de celles qui sont devenues gouverneure générale, vice-première ministre, chef d’antenne à la télévision, juge, et j’en passe…
Mais cette liste perd son essentialité si les Haïtiano-Québécoises qui excellent dans des grandes firmes de la province ne sont pas incluses.
Ce texte perd toute sa légitimité et devient élitiste en l’absence de celles ne détenant pas de diplômes universitaires, mais qui font un travail colossal dans la Belle Province, notamment dans le milieu des soins de santé.
Et en pensant à l’entrepreunariat féminin dans la Communauté, je ne peux passer sous silence les initiatives louables des jeunes femmes haïtiennes.
Ah, voilà le mot que je cherchais! L’initiative.
Selon mon « ami » Larousse, l’initiative signifie : action de faire quelque chose par soi-même, sans recourir à l’avis, au conseil de quelqu’un d’autre.
Ainsi donc, chers amis, sachez que, contrairement à leurs aïeux, les Québécoises d’origine haïtienne n’attendent plus qu’on leur fasse une place dans la Belle Province. Elles la prennent tout simplement.
Après tout, ne sont-elles pas devenues capitaines du bateau?
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5 Commentaires
Bel hommage Walter.
Je ne l’avais pas réalisé avant de lire ton article, mais jusqu’à environ l’an 2000, je côtoyais beaucoup d’universitaires et c’est bien vrai que parmi ceux-ci, le nombre d’étudiantes haïtiennes dépassaient de beaucoup le nombre d’étudiants haïtiens. Bien sur, je les remarquais plus, mais quand même.
Beaucoup d’entre elles ont fort bien réussi. Certaines étaient monoparentales. Cela demande beaucoup de détermination.
Merci Luc! En effet, les Haïtiano-Québécoises ont en quelque sorte envahi les univerités du Québec. Et, je ne suis pas du tout surpris que tu les aies remarquées plus que les hommes… ha ha. Nous devons être fiers d’elles.
Merci pour cette belle visite, mon ami!
Il faudrait transférer ce côté féministe en Haïti, pour prendre le gouvernail de bateau bleu et rouge qui est en train de faire naufrage,car ce pays a besoin d’une mère les hommes dirigeants sont immatures. Un mouvement féministe fera le plus grand bien a ce pays qui a besoin tant d’amour , et seul les femmes peuvent le faire .
En effet, Fellow Delmas, il est temps qu’un vent féministe souffle sur Haïti. Il faudrait toutefois commencer par introduire le féminisme dans la pensée des gens qui sont habitués au machisme. Hélas, espérons que les choses changent.
Merci pour cette visite, camarade.
Eiongw Plaquenil Sqcguy