Depuis quelques jours, une vidéo montrant des agents de métro en train de tabasser un jeune Noir circule sur les réseaux sociaux. Au début de la vidéo, on voit clairement le plus costaud des agents asséner des coups de coude sur la tête du jeune Noir, tandis que les autres essaient de se frayer un chemin pour toucher d’autres parties du corps de leur victime. Certes, les images choquent. Mais ce qui est encore plus troublant, c’est que le jeune Noir a subi cette humiliation publique pour une affaire de 3,75 $ qu’il n’aurait pas payés au métro Saint-Laurent.
Les temps sont durs. Le coût de la vie augmente, et, malheureusement, ces difficultés économiques risquent de perdurer pendant longtemps. C’est en partie la raison pour laquelle les chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et agents de la Société de transport de Montréal ont fait la grève au cours des derniers mois.
Oui, les temps sont vraiment durs, mais ils le sont également pour les autres, dont les travailleurs, les étudiants et les familles qui sont tombées en chômage.
Le profilage racial n’est pas dans l’esprit de Vertières
Tout cela pour vous dire que le jeune homme noir n’aurait pas dû être traité comme quelqu’un qui aurait commis un crime odieux.


Il est vrai que nous ne vivons pas dans une société communiste et qu’il est essentiel de payer son droit de passage quand on utilise le transport collectif, mais qu’en est-il de la solidarité humaine, des gestes d’entraide, surtout à l’approche de Noël ?
Pourquoi personne n’a-t-il eu l’idée de sortir un billet de cinq dollars pour empêcher la milice du métro de Montréal de se défouler en roue libre sur le jeune Noir comme s’il était un « punching bag » ?
Comme me l’a dit l’intervenant Ricardo Lamour, le tabassage du jeune Noir n’est pas dans l’esprit de Vertières.
Comment la Ville de Montréal peut-elle choisir Vertières, la plus grande bataille de la lutte pour la liberté, comme nom d’une de ses futures stations de métro, quand elle permet à ses agents de métro de traiter des jeunes Noirs comme à l’époque des colonies ?
Quand, en 1803, à Vertières, Capois-la-Mort affrontait l’armée de Napoléon Bonaparte, il n’avait pas à l’esprit que la station de Montréal porte le nom de Vertières. Il pensait plutôt que cela inspirerait les Noirs d’Amérique du Nord à se sentir libres.
Il s’agit là d’un paradoxe montréalais qui ne doit pas être négligé : on rend hommage à Vertières et à l’abolition de l’esclavage, mais on ferme les yeux sur le profilage racial et les injustices subies par les Noirs.


J’ai évoqué le problème de profilage racial, car je vois régulièrement des individus blancs sauter les tourniquets de métro et se fondre dans la foule en toute impunité. Mais quand un jeune homme noir fait la même chose, il y a souvent une armée d’agents de métro qui l’encerclent pour lui régler son compte.
La hiérarchisation entre groupes humains
Ce système qui fait la promotion de la hiérarchisation entre groupes humains doit cesser. Trop de jeunes de la communauté noire sont victimes de cas d,abus de pouvoir et de profilage racial.
Pour être juste, n’ayant pas vu le début de l’intervention des agents de métro, il est facile pour moi de commenter la vidéo et de crier à l’injustice et de mettre en doute l’engagement de la Ville à enrayer le profilage racial sur son territoire.
Il n’en demeure pas moins que l’intervention excessive des agents de métro a été dénoncée par des centaines de gens de la communauté noire.
Des gens qui ont des enfants, des frères ou des neveux qui ressemblent au jeune Noir qui semblait désorienté par le nombre de coups qui l’ont atteint et le nombre d’agents qui l’ont encerclé.
Impossible de visionner les images de cet acte d’injustice avec indifférence quand on est Noir.
On a l’impression de regarder continuellement le même film, avec les mêmes acteurs, les mêmes scénarios. Un film sans fin. Une histoire qui se répète à maintes et maintes reprises.
Toutefois, même si certains d’entre nous éprouvent une certaine lassitude face à cette situation, nous ne devons en aucun cas baisser les bras. Nous devons dire non au profilage racial.
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