Quand je vais au Japon, les gens sont surpris. Losqu’ils lisent mon nom, ils ne s’attendent pas à voir une fille noire — Naomi Osaka
Pour les Haïtiens qui questionnent l’haïtiannité de Naomie Osaka, nul besoin de chercher midi à quatorze heures, l’évidence est devant vous : elle est aussi haïtienne que la plongeuse Jennifer Abel et l’animatrice Varda Étienne, des étoiles haïtiennes nées hors du territoire haïtien.
Naomi mange le « riz collé » et le « griot » autant que Wyclef Jean et Garcelle Beauvais ; elle a tout simplement été séparée de ces célébrités par des frontières territoriales, et non ethniques.
Elle est également aussi haïtienne que moi qui ai fui la misère du « paradis terrestre » pour trouver refuge dans la richesse du froid hivernal du Québec.
Née le 16 octobre 1997 d’un père haïtien et d’une mère japonaise, la nouvelle championne de l’US Open 2018 porte le même nom que sa ville natale, Osaka, la troisième plus grande ville du Japon.
Bien qu’elle n’ait visité Haïti que tout récemment, c’est bien là qu’a commencée sa merveilleuse histoire. En effet, ayant quitté le Berceau de la Liberté, François Léonard, le père de la championne, s’installe aux États-Unis, sûrement en quête de liberté financière.
Après avoir complété des études à l’université de New York, tel un roi mage guidé par « son » étoile, il se rend au Japon pour ainsi faire la rencontre de Mme Osaka et mettre au monde le « messie » de Flushing Meadows .
Ah, nous voilà rendus au coeur du sujet, à savoir pourquoi Naomi n’a pas le patronyme de son père!
Selon les dires de ses parents, pour des raisons « administratives », il était mieux pour elle et sa sœur Mari de porter le nom de la mère. Mais entre vous et moi, il est bien évident que derrière cette explication se cachent subtilement le racisme et la xénophobie. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle la famille haïtiano-japonaise a immigré à New York, lorsque Naomi n’avait que trois ans.
Le père de Tamaki Osaka, la mère de la jeune athlète, ne voulait pas que sa fille soit dans les bras d’un homme noir, aussi éduqué soit-il.
Oui, Haïtiennes et Haïtiens, qui aimez revendiquer l’haïtiannité des vôtres, vous pouvez le clamer haut et fort : Naomi Osaka est un produit « made in Haiti ».
D’habitude, je suis prudent en ce qui a trait aux appartenances ou appropriations ethniques et culturelles, mais dans ce cas-ci, j’avoue que cette histoire, qui allie courage, fierté, résilience et génie, est un peu magique.
Faisons une petite analyse hypothétique pour mieux comprendre le terme « Osaka, une raquette made in Haiti ».
Si le père de Naomi n’avait pas eu l’ingéniosité de s’inspirer de Richard Williams, le père des sœurs Williams, pour entraîner celle-ci dès un jeune âge, il n’y aurait pas eu de sacre à l’US Open.
Si Léonard François n’avait pas fait preuve de résilience face au racisme nippon, il n’y aurait peut-être pas de Naomi.
Et s’il n’avait pas inculqué la culture haïtienne à ses enfants? Naomi n’aurait jamais remis à sa place un journaliste qui a occulté ses origines haïtiennes, et l’on n’aurait peut-être jamais entendu parler de son papa haïtien.
Bref, comme dit le proverbe français, avec des « si » on va à Paris. Mais avec l’Haïtien Léonard François, on devient champion-ne de l’US Open.
Et les Haïtiens ont tout leur droit d’être fiers de Naomi Osaka et surtout de son père, ce Richard Williams « haïtien »
En toute franchise, je suis un grand fan de Serena Williams, et je souhaitais sa victoire afin qu’elle puisse égaler le record de 24 titres en Grand Chlem. Mais son égoïsme et son égocentrisme démontrés sur le court m’ont… Non, non, non!
J’avais juré de ne pas vous présenter une description du match pour ne pas faire mention de celle-ci; après tout, « la reine est morte, vive la reine ». C’est le moment d’Osaka, la nouvelle reine de New York. It’s Osaka Time, dirait-on au USA.
C’est également un beau moment pour la femme haïtienne, qui, écrasée par le poids de l’intersectionnalité, est souvent ostracisée dans l’Occident raciste et machiste.
Indubitablement, c’est aussi le moment des enfants d’Haïti, qui, pour apaiser leur faim, se nourissent de rêves.
Certes, pour des raisons financières, Naomi Osaka a choisi de représenter le Japon. Et, oui, elle s’entraîne aux États-Unis.
Cependant, en son for intérieur, elle sait qu’elle doit son succès à sa raquette dévastatrice, qui est « fabriquée » en Haïti.
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21 Commentaires
http://www.potomitan.info/ayiti/desrosiers/osaka.php
Merci pour le lien de cet article, Francesca! Je le lirai.
Walter c’est un tres bel article qui invite a lire jusqu’à la fin .Mais c’est dommage qu’on doit un fois de plus revendiquer cette gloire haitienne
Merci beaucoup pour le compliment, Simon! En effet, Simon, il est dommage que l’on doit revendiquer cette vitoire haïtienne, mais nous devons le faire. C’est important. Elle est une bonne ambassadrice pour Haïti et un bon exemple pour la jeunesse. Et n’oublions surtout pas la père d’Osaka, qui est le cerveau derrière cett gloire haïtienne.
Merci pour votre visite, Simon. J’espère vous croiser sur Selon Walter très bientôt.
Noami Osaka
Osaka était en état de grâce durant le US open. Elle a entre autres battu Sabalenka, celle que je considère comme une future no 1. J’ai remarqué Sabalenka pour la première fois à la Coupe Rogers, cet été. Elle s’entraînait un peu à l’écart du public avec une rare intensité. Elle joue de la même façon et est dotée d’un superbe physique. On va voir souvent des duels Osaka-Sabalenka.
Osaka a eu une route allégée au US open. Tout de même, elle a du battre Sabalenka, Keys et S. Williams. En finale, elle a presque tout mieux fait. Elle a mieux servi, était plus rapide et ses balles étaient plus proches des lignes.
Ce que j’aime du tennis féminin est qu’il est beaucoup moins prévisible que son pendant masculin. Pour cette raison, juste avant la controverse, Williams avait encore, selon moi, environ 10% des chances de gagner.
Serena Williams
Cher Walter, j’ai lâché quelques jurons bien québécois en lisant ton commentaire sur Serena Williams. Cette dernière a perdu, depuis le US open 2015, de nombreuses fois en semi (2 fois) ou en finale (4 fois) de Grand Chelem. A toutes les fois, sauf la dernière, elle l’a fait avec beaucoup d’élégance. Au US open de 2015, elle a perdu contre Vinci en semi. Elle l’avait battue 4 fois auparavant sans jamais perdre un set. Elle a gagné le premier set 6-2, mais perdu les deux autres 4-6. Williams connaissait déjà l’autre finaliste: Flavia Pennetta. Williams avait une fiche de 8-1 contre elle et avait gagné les huit derniers matchs. Encore plus, Williams avait 4 Chelem consécutifs en poche mais pas dans la même année. Elle avait donc de très bonnes de chances de réaliser un Grand Chelem, le premier chez les dames depuis Graf en 1988. Vinci a mis fin au rêve et Williams l’a accepté très dignement. Beaucoup trop même, avais-je pensé. À sa place, j’aurais été d’une humeur massacrante.
Je rappelle tout ça, car je crois que ses antécédents font qu’on peut éliminer l’hypothèse que Williams a créé cette controverse dans le but de faire oublier sa défaite. Non, la raison est autre. Tout a commencé avec le premier avertissement pour coaching. A mon avis, l’arbitre a complètement manqué de jugement. Les sœurs Williams ne se font pratiquement jamais coaché durant les parties, même lorsque c’est permis. En plus, cette faute est appelée vraiment rarement et le faire au deuxième set de la finale du US open pour quelque chose de très bénin était complètement hors norme. C’est pourquoi Williams a réagi vivement. Puis donner une partie complète alors que le score est 4-3 était extrêmement choquant, à mon avis et selon l’avis de beaucoup de non Québécois.
Je dis non Québécois, car ceux-ci ont réagi en moutons, comme ils le font si souvent. j’ai l’impression qu’ils écoutent tous 98.5 FM et lisent tous le Journal de Montréal.
Serena Williams était loin d’être à son meilleur durant cette finale, tout particulièrement au service. Je suis tout de même très confiant qu’elle ira chercher un, sinon deux autres grands titres avant sa retraite.
Ah, mon cher Luc! Toujours aussi éloquent et raisonné. En effet, Serena a toujours été un modèle sur les courts de tennis, mais cette fois-ci, je l’ai trouvée un peu égoïste. Je dois toutefois avouer que mon regard sur ce sujet est peut-être influencé par le patriotisme, mais je te dirai que je n’ai jamis aimé quand Mcenroe agissait ainsi.
Donc, oui tu as raison, le juge a un peu manqué de jugement, néanmoins, j’ai comme l’impression qu’elle voulait gâcher le « party ». Et, n’oublie pas! J’aime beaucoup Serena, et je voulais qu’elle remporte la victoire, mis bon… « La reine est morte, vive la reine ».
Toujours un plaisir de te lire, Luc. Je viendrai te dire bonjour un de ces jours…
Merci pour la visite et « à la prochaine chicane », comme on dit ici.
Bonjour Walter. L’annonce du décès de la reine est prématurée! Elle va revenir plus forte encore. Je lui souhaite de perdre un peu de poids, d’améliorer sa vitesse et de retrouver son service dévastateur.
Je ne crois pas qu’elle ait voulu gâcher le party, même en partie. L’avertissement du juge pour l’a totalement prise par surprise. Il y a de quoi. As-tu souvenir d’un seul avertissement de ce genre? Moi pas du tout, encore bien moins en Chelem. Et comme, j’ai déjà écrit, les Williams ne se fient pratiquement jamais à leurs coachs durant les parties.
Bien sur, viens faire un tour. Ca fait une mèche, n’est-ce-pas?
Salut Luc! Je suis persuadé que Serena va égaler ce record et même le battre l’an prochain. D’ailleurs, elle m’a beaucoup impressionné, car je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit en ausssi bonne forme après sa grossesse.
Tu crois vraiment qu’elle n’a pas un tout petit peu essayé de gâcher le party? J’espère que tu as raison parce que je l’apprécie énormément, mais bon… attendons la suite des choses.
À bientôt, cher Luc.
Bonjour Walter. Bien sur, les apparences poussent fort dans la direction que tu suggères. Pourtant avant cette partie, Serena Williams a toujours pleinement respecté ses adversaires,, sauf peut-être Sharapova. Je crois plutôt que c’était strictement une affaire entre Serena Williams et l’arbitre.
D’ailleurs ce dernier a déjà donné avertissement à Venus, mais pas dans un Chelem. Je ne crois pas qu’il ait donné d’autres pénalités du même genre. Pourquoi les Williams? Je le répète, ce sont les filles les moins coachées de toute la WTA.
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