Même Stevie Wonder peut le voir : la communauté haïtienne affirme sa place dans la métropole et démontre sa capacité à faire fructifier son héritage historique et culturel. Dans six ans, soit en 2031, le temps d’un voyage tranquille en métro, entre les stations Saint-Michel et Anjou, les Montréalaises et Montréalais pourront apprendre sur la bataille de Vertières.
En choisissant « Vertières » pour faire partie des cinq stations issues du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, la Société de transport de Montréal (STM) aura fait d’une pierre deux coups.
La plus grande bataille
Elle valorise l’apport de la communauté haïtienne dans la métropole et elle permet à Montréal de découvrir la plus grande bataille de l’histoire de l’humanité.
J’ajouterais même que la station Vertières permettra à certains Français du Plateau-Mont-Royal de connaître une partie de leur histoire qui leur a été cachée.
Je sais, je sais, en tant qu’Haïtien, placer la bataille de Vertières au sommet de toutes les batailles peut paraître chauvin, mais sachez que je ne suis pas le seul à le penser.
Lors d’une célébration soulignant la dénomination de la future station de métro Vertières, qui a eu lieu à la Maison d’Haïti, mardi, le président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM), Éric Alan Caldwell, a raconté comment son professeur d’histoire en secondaire 2 s’était assuré de faire savoir à la classe que la bataille de Vertières dépassait les autres batailles.
En gros, celui qui est à la tête de la STM a mis l’accent sur l’importance de l’indépendance d’Haïti, sur le courage et la résilience du peuple haïtien.
Quelques instants après, c’est au tour de l’immortel Dany Laferrière et de l’historien Frantz Voltaire de replonger le public dans le passé de Jean-Jacques Dessalines et de Capois-la-Mort.
La riche histoire de la communauté haïtienne
Pour Dany, la meilleure façon d’enseigner l’histoire aux jeunes, c’est de rendre celle-ci théâtrale, comme le fameux « En avant ! En avant ! » de Capois-La-Mort, qui refusait d’abdiquer devant les tirs de canon de l’armée française, à Vertières, en 1803.
L’auteur de L’Énigme du retour, qui est membre de l’Académie française, a également expliqué comment il s’est battu pour que le nom Vertières soit intégré dans le dictionnaire de la langue française.
Cette soirée, qui a été animée par Arcelle Appolon, la nouvelle directrice de la Maison d’Haïti, s’est avérée un grand succès.
La communauté haïtienne mérite tout ce qui lui arrive depuis quelque temps. Ses chauffeurs de taxi, ses professionnels de la santé ainsi que d’autres travailleurs ont bossé assez dur et ont contribué fortement à la prospérité de la métropole.
Sans compter l’apport des intellectuels haïtiens à l’enseignement et à la culture.
Au risque de me répéter, la communauté haïtienne de Montréal a produit de grands médecins, des avocats, des médaillés olympiques, des enseignants, des champions de boxe, des stars de la NBA et tous les éléments indispensables à une société.
Le choix de la STM en ce qui concerne le nom de la station de métro qui sera située à l’angle de Jean-Talon et Pie-IX ne s’est pas fait au hasard.
Personnellement, j’aurais aimé que ce soit « Bataille de Vertières » au lieu de « Vertières ». D’autres parlent de « Jean-Jacques Dessalines », ou même de « Dany Laferrière ».
Tous ces choix sont légitimes. Mais, comme le dit l’expression, dans la vie, on ne peut pas tout avoir, et c’est la beauté de la chose : notre histoire est si riche qu’elle pourrait alimenter la toponymie de toutes les municipalités du Québec, voire du Canada.
Comme je l’avais souligné dans un article il y a deux semaines, aucun autre groupe ethnique ne fait vibrer la métropole autant que les Haïtiens le font, et les élus ne peuvent plus nier ce fait.
Le poids démographique et économique de la communauté haïtienne est très, très important.
Projet Montréal le sait trop bien.
Ensemble Montréal, le PQ, le PLQ et la CAQ le savent également. Et vous, cher compatriote, le savez-vous ?
Car il est toujours bon prendre conscience de sa valeur pour se faire respecter.
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