Opinions

Le racisme de l’enfant chéri du Québec et la résistance de la communauté noire


Appelons un chat un chat et un raciste, un raciste. Guillaume Lemay-Thivierge n’a aucun problème de santé mentale et n’essaie pas forcément d’attirer l’attention. Il ne fait qu’exercer son racisme anti-noir en utilisant le mot nègre dans une société qui, au nom de la liberté d’expression, se bat avec acharnement pour la survie de ce terme lié à l’esclavage et à la colonisation.

L’animateur Kevin Calixte et l’activiste Ricardo Lamour ont été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme dans la situation de racisme décomplexé de l’acteur Guillaume Lemay-Thivierge, vendredi.

En se servant de leurs plateformes de médias sociaux, Calixte et Lamour ont publié une vidéo où on voit l’acteur cherchant à prononcer avec une hallucinante désinvolture le mot en N par le biais d’un jeu de mots (boulot/bouleau).

« Des fois, la vie, c’est aussi de travailler. Travailler fort. Y’a une expression qui résume très bien. Des fois, c’est de dire le gros boulot », commence par radoter Thivierge.

Par la suite, il se tourne pour enlacer, parmi tous les arbres qui existent dans la forêt, un bouleau, sur lequel est gravé le mot « nigga ».

C’est inacceptable !

Au risque de me répéter, qu’il soit utilisé dans un contexte historique, humoristique ou artistique, le mot « nègre » a toujours servi à inférioriser et dévaloriser les personnes noires.

Il n’existe pas d’excuses pour justifier le comportement raciste de l’acteur Guillaume Lemay-Thivierge. La communauté noire en a assez de ces discours de présentation d’excuses, qui sont dénués de sincérité, et qui sont rédigés par des agences de communication qui n’en ont rien à cirer du vivre ensemble.

L’invasion raciste commence toujours avec une blague comportant le mot en N, ensuite une deuxième, une troisième… et les Noirs sont dépossédés de tous leurs acquis des dernières décennies.

C’est la raison pour laquelle les membres de la communauté noire doivent continuer à condamner les propos et les actes dépréciatifs qui leur rappellent l’époque où leurs ancêtres ont été désubstancialisés comme être humain.

D’ailleurs, je profite de l’occasion pour saluer l’intervention rapide de Varda Étienne, d’Anne-Lovely Étienne et de Meeker Guerrier, qui ont su remettre Thivierge à sa place d’hypocrite ignare, lors de l’émission radiophonique de Chad Damord.

Le comble de l’absurdité, c’est que Guillaume Lemay-Thivierge a appelé Varda, en s’imaginant que celle-ci pourrait se rallier à cette controverse, cette cause perdue d’avance. « Il m’a supplié de lui apporter mon support et mon soutien », a confié Varda Étienne sur les ondes de CIBL 101,5 FM.

Les humoristes Eddy King et Renzel Dashington ont également exprimé leur mécontentement à ce sujet.

Voyez-vous, la plupart de ces nostalgiques de la période esclavagiste ont la propension à se servir d’une personne noire comme bouclier lorsqu’ils commencent à sentir la soupe chaude.

Quand l’argument « J’ai un ami noir » ne fonctionne pas, ils marchandent un des nôtres afin de se rendre angéliques auprès de la communauté noire.

Or, dans la foulée de l’affaire Guillaume Lemay-Thivierge, des personnalités noires, qui gravitent autour du « star système » québécois, ont lancé un message clair : « Si vous commettez un acte raciste et que vous vous retrouvez dans de beaux draps, ne venez pas me voir, car je ne suis pas achetable ».

C’est ce qui a le plus attiré mon attention : la résistance de mes frères et sœurs face au comportement colonialiste de Thivierge.

Vous savez, dans de telles situations, exigeant la mobilisation de la communauté, ce n’est pas tant l’argent ou le pouvoir qui compte que l’amour de soi, la solidarité et l’union.

C’est ainsi que nous pourrons créer une forteresse impénétrable et sûre. Que l’on soit Haïtien, Sénégalais, Jamaïcain, Camerounais, Trinidadien ou Ivoirien ou même un allié de la cause noire, il convient de dénoncer le racisme anti-noir avec fermeté.

Les frontières linguistiques ne devraient pas nous séparer, car qu’il soit prononcé en français, en anglais ou en argot anglais américain, le mot en N est utilisé dans l’unique but d’inférioriser les personnes noires.

Bref, si Guillaume Lemay-Thivierge souhaite réellement sortir de l’obscurité, il consultera les livres de Cheikh Anta Diop, et il s’apercevra que l’histoire des Noirs ne se résume pas à ce mot de cinq lettres qui définit la méchanceté occidentale.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

3 Commentaires

  1. Bonjour Walter. Je ne savais rien de cette histoire avant de te lire. GLT est une tête brulée et il vient de le prouver une fois de plus. Sa vidéo d’excuses que tu as mise en ligne ayant été effacée, j’ai donc fait quelques recherches et je suis tombé sur un balado de Durocher et Dutrizac. L’entête suivante coiffait le balado « Sophie Durocher ne mâchait pas ses mots! » Plutôt sceptique, j’ai écouté.

    L’entrevue dure environ 7 minutes et demie. Elle commence par un profond soupir de Dutrizac. De toutes évidences, cela l’emmerde beaucoup d’avoir à parler de cette affaire. Les seuls moments que Durocher et Dutrizac ne mâchaient pas leurs mots étaient lorsqu’ils s’en prenaient aux détracteurs de GLT. Dutrizac allant même jusqu’à les étiqueter de meute!

    Durocher a passé près de 5 minutes à s’appitoyer sur le triste sort de GLT, ses facéties précédentes, son beau retour et ses grandes qualités d’animateur. Elle a blâmé les réseaux sociaux et a même essayé de nous faire avaler que son excuse (l’incroyale je ne savais que ce mot était là) était peut-être vraie.

    Par la suite Dutrizac a dénoncé la meute de prédateurs qui se sont acharnés sur GLT pour avoir mis le pied juste juste à coté de la ligne. Il dit qu’ils se sont mis en gang (association volontaire?) pour attaquer GLT et s’arranger pour qu’il perde tout dans la vie. Il ajoute que les excuses (lesquelles?) ne sont jamais suffisantes et que ca va faire hostie. Est-ce que Dutrizac tenait les mêmes propos pour défendre Mme Dominique Olivier?

    Durocher a par la suite encore essayé de nous faire croire que GLT ne savait peut-être pas que le mot était écrit. Dutrizac l’a arrêtée avant qu’elle finisse voyant bien qu’elle allait se mettre dans le trouble.

    A aucun moment durant cette entrevue, Durocher et Dutrizac n’ont émis la moindre empathie envers la communauté noire. Bien au contraire, ils ont comparé à une meute de prédateurs ceux qui se sont offusqués. Pour eux, il faudrait que les minorités québécoises se ferment la gueule lorsqu’ils sont insultés.

    Je savais déjà que le couple Martineau-Durocher étaient clairement xénophobes. Je m’en doutais pour Dutrizac, maintenant j’en suis certain. Ce dernier devrait être dénoncé pour ses propos scandaleux..

    • Walter Innocent Jr. Répondre

      Salut Luc ! Incroyable. Simplement incroyable. Je suis content que tu m’aies fait le compte rendu de cette entrevue. C’est vraiment triste. Ces gens-là ne parviennent pas à cacher leur xénophobie. Cela devient pathétique et méchant. Après, ils se demanderont pourquoi les personnes d’origine ethnique vivant au Québec ne veulent n’embrassent pas l’idée de la séparation du Québec.

      D’ailleurs, avec le PQ qui risque de prendre le pouvoir aux prochaines élections, j’ai hâte de voir comment les séparatistes vont vendre leur projet référendaire. Dire que, comme tu le sais, j’ai beaucoup défendu le PQ et les séparatistes lorsque certains anglos de l’ouest de la ville ou de l’Ontario faisaient du « Quebec Bashing ». Et je n’hésiterais pas à dénoncer une personne noire qui agirait injustement devant une personne blanche. La justice avant tout. Cependant, je constate que c’est de l’utopie dans notre société. Et je ne parle pas uniquement de la société québécoise, mais bien dans le monde dans lequel on vit. Malheureusement.

      Merci encore pour ce résumé, mon cher Luc.

      À bientôt !

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