Attention mesdames et messieurs, dans un instant, le spectacle va commencer.
Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment, le rappeur Kanye West et le président Donald Trump vont vous amuser.
Et, non, il ne s’agit pas d’un numéro de Michel Fugain et le Big Bazar.
Nous sommes présentement au Bureau ovale où tout ne tourne pas rond depuis le départ d’Obama.
5, 4, 3, 2, 1, 0, partez, tous les projecteurs sont allumés et les grands médias américains sont au rendez-vous.
Silence, les amis, on tourne!
Sur un ton plus sérieux, disons que le silence est bien quand il nous sert à penser.
Or, de nos jours, il s’avère que nous pensons moins. Je dirais même beaucoup moins. Nous consacrons notre silence à des émissions de téléréalité, qui nous dispensent d’avoir des pensées profondes.
Nous suivons ces « vedettes » narcissiques véhiculant le « Moi, je suis » avec passion.
C’est la « pornographie » des années 2010, peut-on dire. Un voyeurisme tous publics…
De ce fait, jeudi dernier, Kanye West et Donald Trump, les deux plus grands mégalomanes des États-Unis, ont assouvi notre désir de regarder l’insignifiance.
Coiffé d’une casquette « Make America Great Again », le rappeur natif de Chicago a pris d’assaut le Bureau ovale, monopolisant la parole, variant les sujets de sa conversation avec Donald Trump, tout en s’assurant de faire l’éloge de celui-ci.
Durant cet entretien qui a duré une vingtaine de minutes, il a été question entre autres de « Iplane One », un avion à hydrogène, de « Superman », son superhéros préféré et de son code secret d’Iphone.
Voilà! Only in America.
Quel examen peut-on faire de cette scène regrettable, où le rappeur afro-américain, visiblement atteint par le syndrome du larbin, se livrait à des bassesses auprès de Donald Trump, un individu à la fois raciste et xénophobe?
D’emblée, on dira que cette pièce de théâtre « admirablement » jouée par les deux protagonistes au Bureau ovale annonce lentement le début de la fin de l’empire américain.
En fait, ce bureau présidentiel nous a tellement habitués à un peu plus de sérieux, qu’on ne peut que prédire un lendemain moins enchanteur pour la puissance mondiale.
Des cerveaux tels que Barack Obama, Bill Clinton, Henry Kissinger et même Paul Eugène Magloire, un ancien chef d’État de lakou lakay, ont foulé les planches du prestigieux Bureau ovale.
Or, aujourd’hui, dans cet espace ovale ayant une superficie imposante, il s’est créé un vide que son occupant incompétent et ses invités ignorants ne peuvent combler.
Cependant, je ne crois pas que l’Oncle Sam soit le seul à se diriger vers une chute.
Car, sans vouloir être pessimiste, j’observe un déclin de l’intellectualisme, qui touche l’ensemble de la population mondiale.
Pour mieux exprimer ce sombre constat, je vous pose les questions suivantes :
Comment expliquer que des millions d’Américains aient voté pour Donald Trump, un obscurantiste hostile à la culture et au savoir?
En quoi cette longue période de démagogie politicienne entre un rappeur confus et un président américain politicard peut-elle m’être utile, si ce n’est pas pour verbaliser des superlatifs tels que « c’est fou » et « c’est triste »?
J’en serais sorti beaucoup plus grandi si j’avais écouté le discours de Michaëlle Jean, qui se battait pour le renouvellement de son mandat à l’OIF, ou celui de la Rwandaise Louise Mushikiwabo, qui lui a succédé.
Toutefois, j’en conviens que dans les réseaux sociaux, la curiosité intellectuelle peut être considérée comme un vice rédhibitoire, et que la promotion de l’exhibitionnisme et du voyeurisme est le consensus.
Ne dit-on pas que « quand le chat n’est pas là, les souris dansent » ?
Il en est de même pour l’intellectualisme : quand celui-ci est absent, la désinformation règne.
Ainsi donc, un inculte comme Trump, qui est plus à l’aise à parler de « shithole » que d’enjeux cruciaux, devient le commandant en chef de la plus grande armée du monde.
« Washington, nous avons un problème! »