
La dernière fois que j’ai assisté à un match de soccer international remonte à longtemps. C’était au début des années 1980, au centre Claude-Robillard. Menée par Ernst Jean-Joseph et l’un des frères Vorbe, la sélection haïtienne avait battu le Canada lors d’un match amical. Or, hier, le mardi 3 juin, au stade Saputo, j’ai été agréablement surpris de constater que le match entre l’équipe féminine du Canada et celle d’Haïti était plutôt une soirée festive. Un moment de réjouissances inégalable.
À vrai dire, l’esprit festif des Haïtiens est toujours au rendez-vous, surtout lorsqu’il s’agit du football, un sport qui fait partie de leur culture.
Ils dansent au carnaval alors que leur ventre est vide, ils font face à la douleur ou à la tristesse avec le rire et ils chantent même lorsque leur équipe de football subit la défaite.
Sans tomber dans la caricature, on peut dire que les Haïtiens savent comment faire la fête. Et c’est ce que les observateurs retiendront de ce match amical qui a été remporté par le Canada 3-1.
Certes, les partisans de la sélection haïtienne auraient aimé voir les Grenadières quitter la métropole avec une victoire, mais ils ont fait preuve de compréhension à l’égard de la situation difficile dans laquelle leur pays d’origine se trouve.
Ils sont conscients que ces jeunes femmes font beaucoup avec peu de moyens financiers.
D’ailleurs, chaque fois que Melchie Dumornay, la meilleure joueuse des Grenadières, se lançait à l’attaque, la foule était excitée et applaudissait chaleureusement les beaux jeux de la numéro 6, malgré un retard de trois buts.
Le bruit a résonné dans toute son ampleur, et ceci était justifié, car les partisans de l’équipe haïtienne étaient venus au stade Saputo avec l’idée en tête de faire la fête, de célébrer cette chaleur estivale.
Quand Dumornay a réduit l’écart sur un penalty en deuxième mi-temps, la foule était en délire et chantait : « Grenadières, à l’assaut ! », le cri de Capois-la-mort, qui refusait de reculer devant l’armée française, dans la Bataille de Vertières.

Après le match, non pas une, mais deux bandes de rara, magnifiées par les couleurs de l’équipe haïtienne, attendaient les spectateurs à la sortie du stade, pour continuer la fête.
Au même titre que le carnaval, le football offre l’occasion idéale à ces spécialistes d’instruments à percussion de montrer leur savoir-faire léoganais et leur loyauté envers leur équipe.
Pour conclure, il importe de savoir que plus de 18 000 personnes (majoritairement haïtiennes, vêtues du maillot des Grenadières) ont participé à cette soirée magique.
En fait, c’était une belle manifestation de solidarité et de patriotisme, qui lance un message fort : « Haïti, nou la ! » (Haïti, nous sommes là !).
La direction du CF Montréal devrait prendre note de tout ce qui s’est passé au stade Saputo, le mardi 3 juin 2025. De l’ambiance qui régnait dans la demeure de l’équipe montréalaise.
Qui sait, peut-être qu’en recrutant des joueurs haïtiens de calibre international, comme Fafa Picault, le stade Saputo conserverait cet esprit festif.
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