On dit souvent qu’il faut de tout pour faire un monde. Cependant, la société québécoise n’a pas besoin de malappris tels que ceux qui ont pris d’assaut la page Facebook du premier ministre François Legault pour mener une cyberintimidation en roue libre contre Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec.
Un an après que le monde s’est mobilisé pour lutter contre les injustices raciales et sociales, il existe encore des personnes au Québec qui croient qu’il est légitime d’insulter publiquement une cheffe d’un parti politique sur base de son genre et de ses origines.
Des injures xénophobes et sexistes
Pour vous mettre en contexte, la semaine dernière, en publiant sur sa page Facebook l’article « Quand Anglade échoue le test du nationalisme » paru dans le Journal de Montréal le 27 avril, M. Legault attise l’hostilité de bien de Gens du Pays qui sont en quête de repères historiques et politiques.
« La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, refuse de défendre l’autonomie du Québec et son droit de détenir son propre système d’intégration », a-t-il déclaré par écrit pour accompagner le texte signé par l’ultranationaliste Mathieu-Bock Côté.
La banalisation d’un tel événement nous montre que les femmes ne sont pas bien protégées, et que celles qui sont noires se retrouvent dans une intersection qui est encore plus dangereuse.
Il n’en fallait pas plus pour que les disciples du premier ministre sortent de la bouche de leurs canons vides intellectuellement des propos haineux et sexistes à l’endroit de Mme Anglade.
Les insultes ont défilé à la queue leu leu sur la page Facebook de M. Legault.
Un homme tente d’islamiser la députée de Saint-Henri-Saint-Anne en l’appelant « Ms Mohammed Anglade », un autre la traite de « Mechante de stupide comme le reste de son parti » (sic), et un autre la diminue en déclarant que « son air d habitude epaise fait honte a son psrti » (sic).
Que puis-je bien écrire sur le comportement inacceptable de ces internautes qui ont bénéficié de la permissivité absolue des modérateurs de la page Facebook de M. Legault pour intoxiquer par la haine les réseaux sociaux ?
Qu’ils sont nostalgiques de la période de la Grande Noirceur, c’est-à-dire des gens qui souffrent de voir le monde changer autour d’eux ?
Non, vraiment, la question se pose : ces hommes de cavernes seraient-ils ébranlés à l’idée de savoir qu’une femme noire risque bientôt de devenir la première ministre du Québec ?
Ces actes haineux à caractère xénophobe me rappellent l’histoire de Christianne Taubira, l’ancienne ministre de la Justice de la France, qui a souvent été animalisée par ses pairs qui l’ont traitée de singe et qui ont associé une banane à sa photo au début des années 2010.
Cela se passait dans l’Hexagone, mais aujourd’hui, cette histoire se répète dans la Belle Province.
Maripier Morin acclamée
Une province qui continue de chouchouter Maripier Morin malgré des allégations d’inconduite sexuelle et de racisme formulées à son endroit, mais qui ferme les yeux sur les propos haineux tenus à l’égard de Dominique Anglade.
Hier, à l’émission Tout le monde en parle, l’animatrice et actrice a eu le privilège de prononcer un discours larmoyant et nombriliste pour préparer son retour à l’avant-scène du monde homogène du show-business québécois.
Quelle tristesse !
Pour revenir à l’affaire Dominique Anglade, la gravité de la désinvolture de ces « pisous », comme Legault aime les appeler lorsqu’il est la risée des internautes, ce n’est pas tant que Mme Anglade soit visée par ces propos haineux et xénophobes qui dérange, mais bien le mutisme des médias.
Silence radio, comme dirait l’autre.
La banalisation d’un tel événement nous montre que les femmes ne sont pas bien protégées, et que celles qui sont noires se retrouvent dans une intersection qui est encore plus dangereuse.
De ce fait, je profite de l’occasion pour saluer le courage de Frantz Benjamin, le député de Viau, qui a sonné l’alarme générale dans les réseaux sociaux et qui a condamné les actions des followers du premier ministre lors des études de crédits Jeunesse à l’Assemblée nationale.
Bien que d’autres, notamment une professeure d’université, soient intervenus en apostrophant Legault sur sa page Facebook, ce n’est pas suffisant.
Nous devons en faire plus.
En d’autres termes, nous ne vaincrons pas la misogynie, la haine, la cyberintimidation, le racisme et la xénophobie avec ce je-m’en-foutisme observé au cours des derniers jours.
Que les hommes soient plus présents dans le mouvement féministe et que les Blancs sortent du placard le racisme de leurs proches.
Les actes d’intimidation, qu’ils soient perpétrés dans une cour d’école, dans les réseaux sociaux ou même dans l’arène politique, devraient faire objet de dénonciations et d’enquêtes.
Or, notre future première ministre a été laissée seule à un moment critique où les femmes sont brutalisées, humiliées et chosifiées.
Alors, chers amis, j’espère que ce cas, qui est passé sous silence par les médias, nous permettra de constater que toutes les femmes sont à risque.
Et que nous réserverons une grande place à celles qui nous ont mis au monde lors de nos débats relatifs à l’injustice.
Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.
12 Commentaires
Merci de ne pas passer sous silence cette situation. Cela révèle assez bien le niveau de racisme de la belle province. Quand ils ont l’occasion ils se lâchent et ça se cache pas. On intérêt à tenir debout, rien encore gagner surtout avec un gouvernement caquiste.
En effet, Abdelwassi, depuis quelque temps, nous constatons que le niveau de racisme est élevé au Québec. Et oui, nous devons toujours nous tenir debout.
Merci à vous, camarade. À bientôt.
Il ne faut pas se demander pourquoi les femmes hésitent encore à se lancer en politique. Nous avons actuellement un gouvernement qui use de mépris envers ses adversaires, qui les traite avec arrogance et qui plus est refuse de reconnaître le racisme systémique. Alors une femme noire de surcroît il l’attaque sournoisement su sa page fb, sachant pertinemment que ses supporteurs mettront le paquet pour dénigrer madame Anglade. C’est d’une indécence et d’une bassesse sans nom! D’autant qu’il est le premier à dénoncer publiquement tout commentaire négatif en son endroit. De plus, c’est incompréhensible que les médias de masse flattent constamment l’égo de F. Legault et passent sous silence son attitude envers ses adversaires femmes ( Il a été aussi méprisant avec Manon Massé). Je ne comprends pas que ceci ne fasse pas les manchettes!
Merci pour ce brillant commentaire, Lise. En effet, beaucoup de femmes hésitent à se présenter en politique à cause de la misogynie qui existe dans ce milieu. C’est dommage car la population se voit privée de gens brillants pour la représenter.
Merci pour votre participation à la conversation et à bientôt.
Eh Oui M. Innocent la politique est un sport extrême. Mais c’est de la petite bière en comparaison au traitement qu’a eu à subir Madame Pauline Marois durant son règne sans mentionner l’attentat raciste qui a résulté en un mort et un blessé grave M. Dave Courage un québécois d’origine haïtienne. Oser comparer une blanche qui roule sur l’or avec la pauvre Madame Anglade quel outrage !! Donc désormais on devra mettre les gants blancs, mais qu’un noir insulte un blanc comme M. Legault ou M. Facal y a rien là comme on dit.
À propos de modérateur où étiez vous alors que vous avez laissé certains commentaires peu édifiants comme Fécal et j’en passe à la suite à votre lettre ouverte à Joseph Facal … lettre qui a mystérieusement disparu quand la soupe joumou chauffe un peu on détale comme un lapin ?
Merci beaucoup pour cette belle perspective, M. Gilles ! Oui, vous avez raison, la politique est dure, comme vous le dites.
Quant à Pauline Marois, permettez-moi de vous poser cette question : si Mme Marois a fait l’objet d’un attentat raciste perpétré par Richard Bain, un homme blanc anglophone, alors ne pensez-vous pas qu’il y a des Noirs qui sont victimes d’actes racistes régulièrement ici ? Ne pensez-vous pas que certains militants ont raison de dénoncer le racisme ?
Personnellement, je défendrai le racisme anti-Noir, tout comme je défends la nation québécoise quand je suis en Ontario devant un auditoire canadien anglais. Je ne tolère pas les injustices faites au peuple autoctone ainsi qu’à la communauté noire, tout comme je n’accepte pas que des gens dénigrent la loi 101, sachant ce qu’ont vécu les Canadiens français et étant moi-même francophone, mon cher Gilles.
Je vous pose une autre question : si nous étions dans les années 80 et qu’un chroniqueur de la Gazette avait rédigé un texte similaire à celui de M. Facal, dans lequel il se crée un ami québécois de souche pour traiter les Québécois de misérabilistes, comment auriez-vous réagi ? Soyons honnêtes.
On doit toujours essayer de se mettre à la place de l’autre. Je suis de grande taille, mais je peux me mettre à la place des hommes de petite taille pour comprendre qu’ils sont souvent discriminés. Et je me mets également à la place des femmes pour être conscientisé par la violence faite aux femmes.
Par contre, je n’ai pas eu à me mettre à la place du peuple québécois pour comprendre l’importance de la langue et de la culture lorsqu’on forme une nation. C’est fondamental et mon pays d’origine est passé par là, voyez-vous ?.
Vous n’avez pas l’obligation de sympthiser avec la cause des Haïtiano-Québécois, mais ne rejetez pas du revers de la main certaines de leurs revendications.
Sans vouloir dévoiler mes allégeances politiques, je peux vous dire qu’il y a beaucoup d’Haïtiens, comme moi, qui sympathisent avec la cause souverainiste, mais parfois ils sont refoulés par des propos qui les mettent à l’écart du projet de ce beau pays.
Quant à la question du modérateur, je suis d’accord avec vous. C’est justement pour cette raison que j’ai mis le texte sur pause, afin de faire le ménage des propos injurieux à l’endroit de M. Facal et de la communauté noire. Je n’accepte pas les débats irrespetueux. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour saluer votre civilité, car je n’ai décelé aucun mot déplacé dans vos écrits.
Cela prouve qu’on peut dialoguer.
J’espère échanger de noueau avec vous, M. Gilles. À bientôt.
Merci d’ouvrir la porte du dialogue. En dehors de mon réseau familial, disons que je réduise le nombre de mes amis les plus proches à une douzaine, ben je compte au moins trois ou quatre haïtiennes… des amies (car c’est pas mal toutes des femmes) assez proches pour être invité à séjourner dans leur famille dans la perle des Antilles, voyage que l’on envisageait mon épouse et moi juste avant le séisme dévastateur. Des amies qui s’attendent qu’après les bonjours d’usage que je leur demande » As-tu du Krémas ou du pikliz pour moi ? » c’est automatique, un running gag qui les fait rigoler à tout coup.
Un des profs au secondaire qui m’a le plus marqué est un haïtien que j’ai eu pendant 3 ans M. Decastille Jean que je recherche depuis, l’autre c’est M. Marcel Tessier, un historien bien connu (à lire… un must). La dernière image que je chérie de M. Jean, c’est une émotion échangée que je ressens fortement même encore aujourd’hui, alors que je l’accompagnais au piano pour la chanson ti oiseau qu’un ami (Patrick Tardieu) m’avait appris quand j’avais douze ans.
J’ai toujours été sensibilisé à votre cause depuis l’ère Duvalienne, ses tontons macoutes, l’exode des cerveaux qui s’en est suivi. J’ai applaudi comme tout le monde à l’arrivée de Titide (Jean-Bertrand Aristide) donc c’est un pléonasme vicieux que vous dire que de voir des incidents racistes causés par des ignorants de la pire espèce me révolte au plus haut point… ça me lève la peau. Au sein de la police y en a plein, ça fourmille. Le profilage racial de la police montréalaise, j’en suis convaincu depuis toujours.
Qu’un journaliste aurait publié l’histoire d’un francophone imaginaire qui lui aurait écrit, se plaignant de mauvais traitement comme être toujours considéré comme une minorité visible, d’être traité de frog par une partie de la société, que les problèmes sont dus au fait français, de se faire systématiquement infantiliser par les journaux, qui déplore la croyance qu’on soit né pour un petit pain et d’en être confiné, qui se désole de voir la fibre nationaliste se désintégrer… etc. J’aurais applaudi mon cher Walter plutôt que de m’en prendre à l’auteur. Le gros bon sens oblige.
Le problème ce n’est pas le fond mais la manière. Je vous invite à vous prendre vos distances avec la mouvance CAD, le wokisme, les pro Attaran si vous voulez sensibiliser mes compatriotes. Ce n’est pas en se braquant, en créant des cloisons comme c’est le cas en ce moment. C’est une mouvance toxique et décadente charriée par l’ère des réseaux sociaux qui donnent libre cours, un micro ouvert àtous les imbéciles et l’infinie bêtise humaine.
Ce n’est pas en démantelant des ponts pour en construire des murs que votre cause sera appuyé par les québécois d’origine. Le fond de votre cause est noble mais c’est la forme empruntée qui est discutable.
D’échanger positivement est le plus cher de mes désirs Walter.
Ah, le kreams, le pikliz, ti oiseau, Duvalier, Aristide… C’est rafraîchissant de vous lire, Gilles. Vous êtes cultivé. Quant au groupe CAD, je n’ai pas grand chose à dire, car je ne le connais pas. On m’a indûment associé à ce groupe, qui a partagé mon texte sur les réseaux sociaux. Peut-être qu’il y a eu confusion, mais bon.
C’est clair que le dialogue est la voie à prendre pour arriver au but.
Oui, je connais Marcel Tessier et il est très bon.
À bientôt.
Belle tentative pour noyer le poisson, derrière le plus bel des appât se cache un hameçon. Le but de mon long préambule était d’éviter de me faire ensardiner (comme vous dites souvent) dans le carcan colonialiste blanc. De peur de me faire foutre dans l’aquarium des racistes. Conseil à tous les ensardinés : malgré qu’on vous ait coupé la tête, on doit toujours se serrer les coudes même quand tout baigne dans l’huile. Que l’on vous associe au mouvement CAD, woke et cie c’est que vous frayez dans les mêmes eaux. C’est clair comme de l’eau de roche.
Mon conseil s’adresse aux injustement ensardinés bien sûr, une mise au point pour éviter la confusion et prêter flanc à l’interprétation qui y verrait une forme d’encouragement aux racistes.
Enfin bref, question de demeurer dans l’allégorie poissonnière, ce mois çi la pêche est ouverte pour certaines espèces… mais y en a une qui est de plus en plus populaire ici et qui est ouverte à l’année, c’est la pêche aux »Karens » que l’on affiche fièrement sur la toile tel un trophée lorsqu’on réussit à en attraper un ou une. Il faut dénoncer chacun de ces spécimens indigestes.
D’ailleurs, j’inviterais tous les amateurs d’aller lancer leurs lignes à l’ouest de la rivière des Outaouais où cette sous-classe foisonne au pays des orangistes. C’est une espèce invasive, importée des USA qui menace la bio diversité, perturber la quiétude.
Mais à force de vouloir retourner toutes les pierres on finit toujours par trouver une anguille sous la roche… il y en a partout, depuis toujours, on en retrouve dans les deux camps… dans presque tous les plans d’eaux.
De quoi parlez-vous exactement, Gilles ?
Heureux de constater que vous ignorez ce que peut-être le phénomène »Karen » cela me réconforte en constatant que vous n’êtes pas autant wokiste qu’on aurait pu le croire. Si vous Googlisez »phénomène karen » vous allez comprendre. À bientôt Walter.
https://www.ledevoir.com/societe/583299/colerique-et-raciste-voici-karen