Tous les analystes politiques s’accordent pour le dire : dans l’histoire de la Belle Province, il n’y a pas eu un parti politique aussi puissant que le Parti libéral du Québec (PLQ). Sa force réside dans sa base militante et ses vastes campagnes de financement. Cependant, aujourd’hui, on est porté à prendre conscience de la mortalité probable du plus vieux parti politique québécois.
Au moment d’écrire ces lignes, près d’une semaine après le déclenchement de la campagne électorale, le PLQ peine à compléter sa liste de 125 candidats. Pire encore, deux candidates, en Estrie et dans Richmond, ont décidé de faire marche arrière, évoquant des raisons professionnelles.
Que se passe-t-il donc avec le parti de Dominique Anglade ?
À la lumière des menaces qui ont été proférées à l’encontre des élus, force est de reconnaître que quelque chose ne tourne pas rond dans la vie sociale et politique du Québec, mais la défaillance du PLQ un mois avant les élections atteint un niveau sans précédent.
Selon Mme Anglade, qui a été élue à la tête du Parti libéral en 2020, « un parti politique détermine stratégiquement la région où il veut démarrer la campagne, afin de lancer un message fort pour la suite. »
Vraiment ?
Et qu’en est-il de l’ancien député Yvon Vallières, qui a représenté Richmond pendant 34 ans, et qui a appuyé ouvertement la candidature du caquiste Éric Lefèbvre ?
Et que dire de la défiance d’André A. Morin, candidat vedette du PLQ dans la circonscription d’Acadie, qui, contrairement à sa cheffe, a affirmé que le déclin du français au Québec n’est pas inquiétant ?
Dans le lot de comportements dysfonctionnels qui secouent le PLQ actuellement, on pourrait ajouter les évènements qui ne font pas salle comble, voire qui n’attirent qu’une dizaine de personnes.
Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Certes, Dominique Anglade est la cheffe du parti, donc elle est celle qui doit mener le PLQ à bon port, mais sans vouloir prendre sa défense, il existe également ce qu’on appelle le travail d’équipe et de collaboration des anciens membres et membres actuels d’un parti.
Par exemple, quand le Parti québécois connaissait des moments de turbulence semblables à ceux du Parti libéral, Bernard Landry, l’ex-premier ministre du Québec, n’hésitait pas à donner son avis pour rassembler les morceaux de son ancien parti ou remonter le moral de certains membres.
Je me souviendrai toujours de son intervention auprès du Bloc québécois, lorsque la députée Maria Mourani a été expulsée du caucus, en 2013.
Si on veut remonter plus loin dans l’histoire, on peut souligner la fois où Claude Ryan, chef du PLQ, avait un peu de difficulté avec le clan du Non, lors de la campagne référendaire, en 1980.
L’ancien premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, et Jean Chrétien, ministre de la Justice à l’époque, ont alors quitté Ottawa et se sont rendus chez Claude Ryan, à Outremont, pour lui proposer leur aide.
On connaît la suite : le Non l’a emporté avec 59,6 % des voix.
N’eût été l’intervention de Trudeau, l’équipe du Oui, avec René Lévesque en tête de file, aurait peut-être été la première au fil d’arrivée.
Il ne fait aucun doute que le PLC avait des intérêts particuliers dans ce référendum, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agissait d’une belle preuve de solidarité entre libéraux.
Or, confusément et obscurément, deux ans après l’ascension de Dominique Anglade à la tête du PLQ, on assiste à la fugacité de l’esprit de solidarité des libéraux.
Permettez-moi de reformuler la question : qu’est-ce qui ne va pas avec le PLQ, chez Dominique Anglade ?
Est-ce que Mme Anglade a perdu la confiance de ses députés ? Serait-elle victime de sexisme, de racisme au sein de son propre parti ?
S’il est encore trop tôt pour identifier les problèmes de la députée de la circonscription de Saint-Henri–Saint-Anne, il est juste de dire qu’elle fait face à du sabotage politique.
Le plus triste dans tout cela, c’est le mutisme et le je-m’en-foutisme des élus libéraux, qui agissent comme si la désagrégation de leur parti ne les atteignait pas.
Une absurdité qui dépasse l’entendement, surtout que l’histoire nous a montré que les partis politiques peuvent mourir.
Dans la communauté noire, plusieurs s’inquiètent des conséquences de l’échec programmé de l’avemture de Dominique Anglade avec le PLQ.
Autrement dit, ils sont hantés à l’idée qu’une des leurs soit tenue responsable des déboires d’un parti qu’ils chérissent aveuglement.
À vrai dire, le problème entre Dominique Anglade et le Parti libéral du Québec est au-delà de la couleur de peau, du sexe et de la compétence.
C’est une relation particulièrement compliquée entre le PLQ et Anglade.
Enfin, c’est l’histoire d’une femme brillante qui a été séduite par les valeurs libérales, et abandonnée par la machine libérale.
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2 Commentaires
De très bonnes questions, Walter.
Je voulais simplement dire que Dominique Anglade n’a pas été élu « Cheffe du Parti Libéral », mais l’est devenue par défaut, parce que son seul opposant, Alexandre Cusson, a abandonné la course à la chefferie. Un candidat qui ne faisait pas le poid. Il y avait de gros canons qui auraient pu se présenter, mais ils ont choisi de ne pas « Risquer » un suicide politique.
En effet je me questionne, tout comme toi, sur les motivations de son caucus? Une ancienne Caquiste devant le « Après Dieu c’est moi », François Legault, comme avait dit feu Jovenel Moïse.
Oui je crois qu’une et même plusieurs pommes empoisonnées lui furent servies àDominiqueAnglade. Est ce que l’Ego de Dominique Anglade, d’être la première Cheffe du Parti Libéral a pris le dessus sur la sagesse, d’attendre les élections de 2026? Car la déconfiture du Parti Libéral en 2018, ne présageait rien de bon pour 2022.
Tout cela dit… Selon moi!
Et je suis loin d’être un « Politologue ».
André, tu as tout à fait raison. C’était plutôt un couronnement. J’admire ta lecture de la politique québécoise. Tu as beau ne pas être un politologue, mais la politique semble t’aimer. À quand ton saut dans ce monde plein d’intrigues…
Merci pour le travail que tu accomplis avec brio dans la communauté. À bientôt, camarade.