Permettez-moi de commencer ce texte par une question piège : quelle est la manifestation touristique qui représente les plus importantes retombées économiques au Canada ? Si vous avez répondu autre chose que le Caribana, vous êtes loin de la réalité. Mais cette ignorance est justifiable, car les gouvernements de l’Ontario et du Canada ainsi que les médias n’ont jamais reconnu ce festival à sa juste valeur.
D’ailleurs, au Québec, les médias nous annoncent pompeusement et erronément que le Festival de Jazz de Montréal et le Grand Prix du Canada sont les « champioms » en terme de retombées économiques.
Ce week-end, l’esprit brille à Toronto. Le Caribana bat son plein. Un peu plus de 1. 2 millions de festivaliers ont bravé la chaleur torride du 4 août pour prendre part à ce spectacle grandiose.
Depuis plus de 50 ans, le carnaval caraïbéen fait rayonner de façon remarquable la Ville-Reine, où joie, danse, musique et déguisement sont de la partie. Le Caribana est manifestement un festival riche en couleurs… et en millions.
D’emblée, cet événement culturel, qui rapporte 400 millions de dollars à la province de l’Ontario, attire une foule festive et dépensière, venue des quatre coins du globe.
C’est le rassemblement annuel des Noirs du Canada et du pays d’Obama.
Mais c’est aussi le rendez-vous des stars d’Hollywood, et des riches athlètes de la NBA, qui s’autoproclament « ballers », non pas pour leur habileté avec un ballon de basket, mais bien pour leur capacité à dépenser comme des prodigues.
Au centre-ville de la Ville-Reine, les touristes se trémoussent au rythme de la musique Soca, et les commerçants jubilent au son de leurs caisses enregistreuses.
On pourrait croire que c’est « Noël » au mois d’août.
Cependant, derrière cette joie, derrière le jeu de séduction entre commerçants et touristes, se cache une injustice, qui doit être dénoncée.
Le Caribana a malheureusement été séduit et abandonné.
Séduit par la Ville de Toronto, par le gouvernement de l’Ontario et par le secteur privé, et abandonné par tout et par tous.
Depuis le début des années 90, le Caribana rapporte des centaines de millions à la province de l’Ontario, mais reçoit peu des gouvernements.
Année après année, les hôtels affichent complet durant la période du Caribana, mais le gouvernement fait la sourde oreille aux cris d’alarme des organisateurs en manque de ressources finanicères.
Ces derniers ne reçoivent que 400 000 dollars pour mettre Toronto et le Canada sur la « map ».
J’avoue qu’à l’école, je n’ai jamais été un premier de classe en mathématiques. Cependant, j’aimais suffisamment jouer avec les chiffres autant que je me plaisais à jongler avec les mots pour savoir que 400 000 dollars pour soutenir un événement qui rapporte des centaines de millions, c’est peu.
Beaucoup trop peu.
Faisons un retour en arrière afin d’analyser l’amour non réciproque entre le Caribana et l’Ontario.
En 1967, en guise de cadeau pour le centenaire du Canada, la communauté caraïbéenne de Toronto crée le Caribana.
Ainsi donc, à la demande du maire de Toronto, William Dennison, qui était impressionné par le succès économique de l’événement, le Caribana devient une fête annuelle.
En fait, je suis tenté de faire un parallèle entre cette situation et le spectacle SLĀV.
Dans l’impossibilité de remplacer les millions de Noirs qui participent à ce festival par des Blancs, les gouvernements préfèrent négliger leur « vache à lait » plutôt que de la nourrir.
Pourtant, il y a quelques années, les organisateurs de Bollywood’s International Indian Film Academy ont reçu 12 millions de dollars du gouvernement de l’Ontario.
Quelles sont les retombées du festival indien? 30 millions…
Il m’est difficile d’expliquer l’incohérence du gouvernement de l’Ontario. Toutefois, son attitude « je-m’en-foutiste » envers la communauté noire me rappelle drôlement celle des producteurs de SLĀV.
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