Les brèves

L’infantilisation des Guadeloupéens et des Martiniquais : une injustice criante

La Guadeloupe et la Martinique. Ces deux pays sont si propres, si diversifiés et si beaux, qu’ils mériteraient d’être désignés les paradis terrestres de la Caraïbe, voire des Amériques.

Cependant, force est de reconnaître que les Guadeloupéens et les Martiniquais subissent de plus en plus d’inégalités, car les arrière-petits-enfants des colons français (1 % de la population), qu’on appelle les « Békés », y règnent en maîtres.

L’outre-mer : des Français de « seconde zone »

Ces derniers s’enrichissent grâce à la politique coloniale maintenue en place par l’Hexagone.

Comment fait la France pour perpétuer sa domination coloniale sur ces territoires paradisiaques ?

Le 19 mars 1946, afin d’effacer ses empreintes coloniales, la France sort de son chapeau la départementalisation, une loi qui permet aux citoyens d’outre-mer d’être reconnus comme Français.

Or, la majorité des citoyens de la France d’outre-mer (la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et La Réunion) soutiennent que l’État les traite plutôt comme des Français de « seconde zone ».

Des connaissances martiniquaises et guadeloupéennes me parlent de cette injustice avec tristesse, mais, confusément, quand j’intègre le mot « indépendance » dans la discussion, elles me renvoient aux fatras et à la paupérisation d’Haïti, ma terre natale.

Bien entendu, pour les Antillais, Haïti, pays dangereux et champion de l’inflation, où un simple barbecue coûte 5 millions de dollars, n’est pas l’exemple à suivre.

L’indépendance d’Haïti désignée comme un exemple à ne pas suivre

Quand j’aborde le sujet de l’indépendance des territoires d’outre-mer avec des Français vivant à Montréal, j’entends le même son de cloche : « Comment ça se passe pour Haïti, la première République noire ? »

Ironiquement, ces gens-là revendiquent régulièrement l’indépendance du Québec en reprenant la célèbre phrase du général de Gaulle : « Vive le Québec libre ! »

Cette incohérence occidentale ne m’étonne pas !

Ce qui me préoccupe surtout, c’est qu’un bon nombre de personnes noires sont malheureusement tombées dans le piège de la « saleté haïtienne », pensant que le paternalisme néocolonial fait bon ménage avec la liberté.

Jocelyne Béroard, la voix féminine du groupe Kassav, n’hésite pas à s’affirmer en tant que Martiniquaise rêvant à l’autonomie et l’émancipation de son pays, mais je trouve regrettable qu’il n’y ait pas plus d’artistes qui se prononcent sur le sujet.

Jocelyne Béroard, la voix féminine de Kassav

Certains préfèrent prendre les problèmes des autres, sans tenir compte de leurs propres difficultés.

À vrai dire, je comprends le dilemme auquel font face les Guadeloupéens, les Martiniquais et même les Guyanais, qui se distinguent par leur intelligence et leur résilience :

Être infantilisés par la France ou s’affranchir et s’enliser dans le fatras comme Haïti.

Je ne connais pas assez les problèmes de ces départements pour me prononcer sur leur avenir, mais je suis certain d’une chose : ça prend beaucoup plus qu’un coup de balai pour se débarrasser du colonialisme.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

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