
Le pape est mort, vive le pape ! En déformant l’ancienne citation liée à la royauté, je tente de démontrer que le pape ne meurt jamais. C’est-à-dire que le corps naturel disparaît, mais la fonction papale demeure. Autrement dit, dès que le pape meurt, un cardinal blanc, soit un Italien, un Polonais, un Allemand ou un Argentin, le remplace. Or, pourquoi pas un Noir pour succéder au pape François, décédé le 21 avril ?
De nombreux catholiques afrodescendants se posent la question. Même les Noirs qui ne vouent aucune affection à l’Église catholique souhaitent dans leur for intérieur la nomination d’un pape noir au Vatican.
À l’instar d’Obama
C’est tout à fait normal pour ceux et celles qui sont régulièrement oubliés de prôner des valeurs de diversité et d’inclusion dans toutes les sphères sociales, politiques, économiques et même ecclésiastiques de la société.
Par exemple, lorsque Barack Obama est devenu le premier président noir des États-Unis, en 2008, une euphorie s’est emparée de l’Amérique noire, mais aussi de toutes les autres communautés noires à travers le monde.


Je me souviens qu’au lendemain de cette élection historique, pendant que j’attendais dans la file de la boulangerie Pain Doré, un inconnu s’est approché de moi pour me féliciter.
« Félicitations pour votre président, Monsieur ! », m’a-t-il dit, avec le regard d’un homme abattu. Perplexe devant cette situation, je lui ai demandé s’il parlait de René Préval, le président d’Haïti, ou s’il ne voulait pas plutôt dire « votre premier ministre, Stephen Harper ».
Cependant, malgré mon attitude peu amicale démontrée à l’endroit de l’Oncle Sam, j’étais heureux de voir un Afro-Américain à la tête des États-Unis, tout comme je serais ravi de voir un homme noir à la tête de l’Église catholique.
Lorsqu’il s’agit de politique en matière d’équité, de diversité et d’inclusion, on a toujours tendance à oublier ou à exclure la religion, alors qu’elle devrait être la base.
On s’est habitué au fait que le nom des papes soit Karol Wojtyla, Albino Luciani, Joseph Ratzinger et Jorge Bergoglio, plutôt que des noms typiquement africains ou antillais.


Par souci de clarté, disons que, depuis les années 189 et 496, trois chrétiens originaires de l’Afrique du Nord, des Berbères, ont occupé le trône de Saint Pierre à Rome.
L’Afrique à la rescousse de l’Église catholique
On en a assez de l’hypocrisie du Vatican, qui fait la promotion de la paix et de l’inclusion, mais qui refuse d’élire un Noir à la tête du Vatican.
Cela remonte à des siècles, bien avant le Moyen Âge.
L’Église catholique continue de faire l’éloge de sa « lutte contre les injustices », alors que les cardinaux africains font l’objet de discriminations et de traitements injustes en n’étant jamais considérés pour la fonction de souverain pontife.
Quelle incohérence !
En 2018, le Centre d’étude du christianisme international au Séminaire de théologie Gordon-Cowell a rapporté que l’Afrique est devenue le continent avec le plus de chrétiens, soit 631 millions.
Et le nombre de chrétiens dans le Berceau de l’Humanité ne cesse d’augmenter, ce qui inquiète les autres continents qui redoutent l’africanisation du Vatican.


Et pourtant… Ils devraient prier pour que l’Afrique s’impose davantage, car, selon le Pew Research Center, le nombre de chrétiens européens est en déclin. D’ici 2060, croit-on, l’Allemagne (le pays du pape Benoit XVI), la Russie ainsi que la Chine disparaîtraient de la liste des 10 pays comptant le plus de chrétiens.
La Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya les remplaceraient.
Que faut-il ajouter d’autre pour convaincre les cardinaux qui participeront au conclave de choisir quelqu’un de l’Afrique subsaharienne pour devenir le chef d’État du Vatican ?
Prenon, par exemple, le cas du Québec : depuis 2017, une trentaine d’églises ont été démolies. N’eût été la communauté africaine, qui maintient la pratique religieuse, toutes les églises catholiques de Montréal seraient tombées sous le pic des démolisseurs.
Croyez-moi, loin de moi l’idée de vouloir encourager mes frères et sœurs à embrasser une religion qui leur a fait tant de mal en raison du rôle qu’elle a joué dans l’esclavage et le colonialisme.
Toutefois, la réalité est que l’Afrique soutient fortement l’Église catholique et il est temps que le Vatican le reconnaisse. En d’autres mots, un Africain devrait accéder au trône de Saint Pierre.
Le cardinal congolais Fridolin Ambongo, qui se distingue par son engagement citoyen, est le candidat idéal pour remplacer le pape François.
Le cardinal ghanéen Peter Tuckson ainsi que le cardinal guinéen Robert Sarah devraient également être considérés pour le poste.
Bref, il n’y a pas si lontemps, la jeunesse noire a appris que la couleur de peau de Jésus n’est pas blanche.
Or, j’espère que, très bientôt, elle découvrira aussi que la papauté n’est pas exclusivement blanche.
Je vous invite à vous inscrire à l’infolettre et à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site.
1 Commentaire
Dans un monde idéal, il n’y aurait aucun africain ou afrodescendant chrétien, encore moins un pape noir à la tête d’une telle institution. J’ai fait cette afirmation à la lumière de mes recherches et de ce que j’ai compris de la provenance du christianisme, ses bévues, son effet de zombification des esprits, etc. Je ne vois pas en quoi le fait d’avoir un pape noir serait un exploit ou un honneur en soi! C’est ma conviction!