
Simone Mahan était âgée de 45 ans, mère de trois enfants. Mercredi, vers 14 h 50, les policiers ont été appelés à se rendre dans une résidence de la rue Jules-Dumouchel, à Châteauguay, et ont découvert son corps inanimé. Une autre victime de la violence masculine. Un féminicide de trop.
L’affaire a été confiée au service des crimes contre la personne de la Sûreté du Québec (SQ), et les policiers n’ont pas pris de temps pour arrêter le conjoint de la victime, Marcellin Koman Mbo, âgé de 49 ans.
Une violence fondée sur le genre
Quelles qu’en soient les circonstances, Simone Mahan et les autres victimes de cette vague de féminicides qui frappe Montréal ne méritaient pas de mourir.

Il est inutile de chercher les raisons de ces comportements sauvages, car ces femmes ont été tuées parce qu’elles sont des femmes.
Il faut être aveugle pour ne pas voir que les femmes et les filles sont constamment exposées à la violence fondée sur le genre. Il faut être sourd pour ne pas entendre le cri de douleur et de désespoir de plusieurs femmes de notre société.
Une société qui promeut encore l’idéologie de la suprématie du mâle.
D’après ce qui a été rapporté, Simone Mahan et son conjoint étaient en processus de séparation.

Et alors ?
Malheureusement, il existe encore dans notre société des hommes qui pensent que leur conjointe leur appartient, qu’eux seuls détiennent les droits sur leur vie.
Quelle indigence intellectuelle, ruinée par le machisme, que de croire qu’une femme ne peut pas mettre fin à une relation et refaire librement sa vie avec un autre !
Cette pensée possessionnelle est largement répandue par le mythe de la virilité, qui légitime l’« infériorité » de la femme.
De toute évidence, la lutte contre le féminicide passe par l’éducation et la sensibilisation auprès des jeunes garçons afin de briser le cycle de la violence commise contre les femmes.
Des chiffres révélateurs
Permettez-moi d’ajouter quelques chiffres aux mots afin de mieux saisir l’amplitude de ce fléau.
En 2024, 25 féminicides ont été enregistrés au Québec, dont 13 issus de situations conjugales, selon La Débrouille.
Qu’elle soit noire, blanche ou arabe, d’après Statistique Canada, au Québec, une femme risque de faire partie des 20 000 personnes victimes de crimes contre la personne commis dans un contexte conjugal.

Les femmes composent presque la totalité des homicides (74 %), enlèvements (100 %), séquestrations (98 %) et agressions sexuelles (98,5 %) commis par un conjoint ou un ex-conjoint.
Et environ 30% des victimes de violence conjugale ont entre 30 et 39 ans, et 13% ont été menacées d’une arme.
Alors, que fait-on ?
De toute évidence, la lutte contre le féminicide passe par l’éducation et la sensibilisation auprès des jeunes garçons afin de briser le cycle de la violence commise contre les femmes.
C’est toutefois une lourde tâche lorsqu’on pense qu’il existe sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, le phénomène mâle « sigma », qui veut remplacer le modèle traditionnel de masculinité « à travers la domination et le contrôle » des femmes et des autres genres.
Selon Samuel Tanner et François Guillardin, de l’École de criminologie de l’Université de Montréal, le mâle « sigma » se concentre sur son succès financier et son apparence physique.
Nous ne sommes pas au bout de nos peines.
Je repose donc la question : que fait-on pour remédier à la situation ?
Certes, ces tueurs de femmes doivent être traqués afin de leur faire payer pour leur crime, mais il est impératif que nous enseignions aux jeunes garçons les bonnes manières. Outre les termes de civilité, tels que « s’il vous plait » et « merci », il existe des méthodes qui mettent en valeur la femme.
En fait, les garçons doivent grandir dans le respect de celle qui les a mis au monde, c’est aussi simple que cela.
Et les hommes ont intérêt à s’allier à la cause féminine, ne serait-ce que pour le bien de leurs propres filles, de leurs sœurs et de leurs cousines.
Enfin, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir en ce qui concerne l’égalité des sexes, mais ce voyage est essentiel à la société.
Vous avez besoin de parler de la violence qui est présente dans votre couple ? Appelez au 514-935-1101 (AIDE).