
Bien avant que Barnev Valsaint ait séduit le Québec avec sa voix extraordinaire dans la chanson Soul Pleureur, et que Corneille nous ait appris qu’il fallait vivre chaque jour comme le dernier, le chanteur et musicien Georges Thurston faisait danser la Belle Province au rythme de la musique RnB/Soul.
Ce n’est pas compliqué, il est le précurseur de la musique soul, disco et funk au Québec.
Barnev et Corneille reconnaissent ce fait, mais trop peu d’entre nous le savent, et je trouve cela bien dommage.
De ce fait, j’estime qu’il est judicieux de rendre hommage à ce visionnaire de la musique québécoise.
Une enfance difficile
Mieux connu sous le nom de Boule Noire, en raison de sa coupe afro, Geroges Thurston est né en 1951, à Bedford, une ville située au sud-est de Montréal.


Son père biologique était un athlète afro-américain, sa mère, une femme blanche québécoise. Ces derniers ont abandonné Boule Noire peu après sa naissance, l’ayant déposé à la Crèche d’Youville, à Montréal.
Après avoir fréquenté une vingtaine de foyers d’accueil dans son adolescence, Boule Noire trouve refuge dans la musique grâce à une guitare qui lui a été offerte par une gentille inconnue, qui ne se doutait pas que son geste allait éveiller le côté « Black » de ce jeune métis.
Dès l’âge de 14 ans, soit en 1965, il affiche ses couleurs en se joignant à un groupe de RnB nommé les Zinconnus, mais ce n’est toutefois qu’en 1976 qu’il connaît son premier succès avec le morceau Aimes-tu la vie ?
Franchir les barrières raciales
À cette époque, toutes les familles haïtiennes étaient au rendez-vous, devant leur télévision, quand les animateurs Pierre Lalonde et Michel Girouard annonçaient la participation de Boule Noire à leur émission.
Il était le seul. Le seul Noir à la télé, chantant comme les Noirs américains, mais dans la langue de Molière.
C’était courageux, car il se foutait bien des barrières raciales, des normes de la scène musicale du Québec, à une époque où on affectionnait Elvis Presley.
Pour la petite histoire, lorsque l’auteur Luc Plamondon a remis les paroles de la chanson Le Blues du businessman (mieux connue sous le refrain J’aurais voulu être un artiste) à Claude Dubois, c’est Boule Noire qui a aidé celui-ci à trouver la bonne manière d’interpréter ce succès planétaire.
En 1979, Boule Noire secoue de nouveau le public québécois, et attire l’attention de l’Europe avec son album Aimer d’amour, qui se vend à plus de 100 000 exemplaires (double disque d’or), ce qui était énorme pour l’époque.
La chanson titre, avec la voix magnifique de Nanette Workman en chœur, est restée en tête du palmarès radio pendant cinq semaines consécutives.
En 1990, Aimer d’amour trouve un second souffle, plus particulièrement en France, lorsque Boule Noire enregistre la vidéo de la chanson.
Encore aujourd’hui, de nombreuses publicités à la télévision font référence à Aimer d’amour.
Certes, quand on parle du début de la musique soul ou disco au Québec, les noms de Pierre Perpall, Martin Stevens et Freddie James doivent être aussi mentionnés.
Mais pour moi, Boule Noire fut celui qui a révolutionné la musique québécoise, et son legs va bien au-delà de ses succès musicaux.
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