Alors que des migrants haïtiens sont engagés dans une course contre la montre afin d’échapper aux « macoutes » hostiles à l’immigration de Donald Trump, aux États-Unis, une Haïtienne se distingue dans un marathon culinaire, en France. La cheffe Leenchee Excellent fera son entrée dans le Livre des records Guinness, en cuisinant pendant 204 heures en continu.
Le marathon de Mme Excellent devait prendre fin hier, le 15 avril 2025, mais elle a prolongé de 24 heures son aventure culinaire.
Tous derrière cheffe Leen
« Si nou fè 8, nou ka fè 9 », a-t-elle dit sur ses réseaux sociaux, à la grande joie de ceux et celles qui la suivent.
Donc, 9 jours derrière les fourneaux, n’ayant eu droit qu’à 2 heures de pause par jour. Certes, l’exploit relève d’une force mentale et physique, mais aussi d’un grand désir de promouvoir la cuisine haïtienne.
C’est au restaurant Anba le Pont, à Saint-Denis, que cet exploit surhumain a été réalisé. De nombreuses personnalités de la communauté haïtienne, dont les artistes Rutshelle, Tony Mix et BélO, ont apporté leur soutien à Leenchee Excellent.
Durant cette épreuve d’endurance, la cheffe a fait exploser Internet : les images de son marathon ont envahi TikTok, Facebook, Instagram et YouTube.
Par exemple, sur TikTok, Mme Excellent a reçu beaucoup d’amour de la part de ses admirateurs en cumulant plus de 300 millions de likes ainsi que des commentaires élogieux.
Il faut dire que le défi était de taille, car il impliquait l’investissement de plus de 26 000 euros.
Tout a commencé quand un youtubeur, Uncle Kendjy, a offert 500 dollars à cheffe Leen. Par la suite, des internautes ont répondu massivement à l’appel, afin de permettre à Mme Excellent de participer à ce concours organisé par Guinness.
Il convient toutefois de souligner que le record de la cheffe Leen n’est pas encore validé officiellement par le Livre des records Guinness, mais tout porte à croire que ce sera fait dans les prochains jours.
Petit rappel historique : au milieu des années 1980, le karatéka d’origine haïtienne, Rémy Mercier, avait battu le record du marathon de danse, à Montréal.
Haïti, Côte d’Ivoire ou Congo, même rêve, même combat
En tant que personne d’origine haïtienne, je suis fier de la prouesse de Leen Excellent, tout comme je le serais si elle était Sénégalaise, Nigériane ou Martiniquaise.
Je tenais à préciser cela parce que, d’après les informations que j’ai reçues, certaines personnes d’origines ivoiriennes sont très mécontentes du record de la cheffe Leen. Comme me l’a dit un lecteur, hier, « les Ivoiriens sont en tabarnak en ce moment ».
Certains ont évoqué la sorcellerie pour expliquer l’endurance de la cheffe haïtienne, tandis que d’autres ont suggéré de signaler sa page TikTok sans raison valable.
Qu’il me soit permis ici de mettre en contexte le mécontentement des Ivoiriens.
En mars dernier, une cheffe ivoirienne, Zeinab Bancé, avait relevé le défi du Livre des records Guinness avec brio, après avoir cuisiné pendant plus de 160 heures sans interruption, battant l’ancien record d’au moins 20 heures.
Or, quatre jours plus tard, soit le 7 avril, dans le cadre du concours Guinness, la cheffe Leen est entrée en scène avec l’objectif de faire rayonner la cuisine haïtienne dans l’univers de la gastronomie.
Et on connaît la suite de l’histoire.
Personnellement, je croyais que l’histoire d’Haïti était aussi celle de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Bénin, enfin, de l’Afrique, ma terre originelle.
Je croyais réellement que la victoire de la Luciloise Julien Alfred au 100 m féminin, aux Jeux de Paris, était également celle des Haïtiens, tout comme la victoire de Dessalines sur l’armée française représentait le triomphe de l’Afrique.
L’union fait la force
Quoi qu’il en soit, pour moi, le record de la cheffe Leenchee Excellent appartiendra à toutes les femmes noires, et plus particulièrement les femmes monoparentales, qui consacrent de nombreuses heures par semaine à la planification des repas de leurs enfants.
Ces femmes qui, comme des Superwomen, survolent quotidiennement les obstacles liés aux discriminations intersectionnelles, en jumelant souvent les rôles de père et mère.
C’est un peu pour cette raison que la cheffe Leenchee Excellent a pris la relève de la cheffe ivoirienne : pour démontrer que la femme noire est le pilier des communautés noires.
Gens de la Communauté, à quoi nous sert-il de combattre les injustices raciales quand la désunion existe parmi nous ?
Nous devons nous rappeler que nous partageons la même douleur, le même combat, et que, sans solidarité et fraternité, nous n’irons pas loin.
Nous devons regarder au-delà des concours du Livre des records Guinness, cette organisation britannique (société colonialiste), et mettre l’accent sur l’épanouissement de notre communauté.
Les records sont faits pour être battus, et j’espère que celle ou celui qui éclipsera la cheffe Leenchee Excellent sera d’origine malienne, congolaise ou guadeloupéenne.
Bref, rendons honneur à Jean-Jacques Dessalines, à Thomas Sankara, à Steve Biko, à Patrice Lumumba et à Nelson Mandela, en nous unissant en tant que frères et sœurs.
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