
Depuis quelques semaines, le président américain, Donald Trump, a mis le monde sens dessus dessous avec ses délires tarifaires. Les pays occidentaux, notamment le Canada, ne savent plus où donner de la tête. Et, menacés par les politiques anti-immigration de Trump, les migrants se trouvant aux États-Unis cherchent refuge dans la Belle Province. Or, au lieu de faire preuve de solidarité en cette période difficile, un ministre québécois traite les Haïtiens de « misère du monde ».
« On ne peut pas accueillir toute la misère du monde », a bêtement déclaré le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, en début de semaine, lorsque plus de 200 migrants (majoritairement haïtiens) se sont présentés au poste frontalier de Lacolle.
Le plus inquiétant, c’est qu’il s’est assuré de répéter à plusieurs reprises ses propos offensants.
L’intervention de Dany Laferrière
Au lendemain de la désinvolture du ministre, l’écrivain Dany Laferrière, qui était en entrevue à Radio-Canada, a remis les pendules à l’heure en disant ceci : « C’est injuste de traiter les Haïtiens de misère du monde quand nous savons qu’ils seront la richesse du Québec dans moins d’une génération ».
Boum !
Il ne manquait pas grand-chose pour que les milices qui mènent la chasse aux « wokes » prennent d’assaut les studios de Radio-Canada pour appréhender l’écrivain d’origine haïtienne.
Pourquoi ?
Parce que Dany a osé associer les Haïtiens à la richesse, point barre ! Qu’elle soit culturelle ou non, le ministre de l’Immigration a ben d’la misère à voir la richesse que les personnes d’origine haïtienne apportent à sa province.
Quand bien même le Québec se doterait de milliers de Dany Laferrière, ou même de son collègue Dr Lionel Carmant, qui a ravi des titres prestigieux au CHU Ste-Justine, M. Roberge refuserait de voir la richesse des Haïtiano-Québécois.
Cette cécité volontaire est purement occidentale et elle ne date pas d’hier.
Depuis qu’Haïti s’est libérée du joug français, en 1803, elle est devenue l’ennemie publique, celle qui devait être servie comme exemple d’échec, afin de bloquer à jamais la marche des Noirs, comme l’avait suggéré Napoléon Bonaparte, ce mauvais perdant.
La seule révolte d’esclaves glorieuse de l’histoire.



Cette révolution, qui représenterait une grande richesse dans la majorité des pays (surtout ceux qui rêvent d’indépendance), a été occultée dans l’historiographie occidentale, plus particulièrement celle de la France.
Pire encore, au fil des décennies, des stratégies machiavéliques ont été déployées par l’impérialisme américain et français afin de nuire à Haïti, ce qui a conduit à une paupérisation de la population et à une instabilité politique.
Les souffre-douleur favoris de l’Occident
Pour ces pays qui se réjouissent du malheur des autres, les Haïtiens sont tantôt « la misère du monde », tantôt « la risée du monde ».
Quand ils ne sont pas pointés du doigt comme les principaux responsables de la propagation du SIDA (au début des années 1980), ils sont accusés de « manger » des animaux domestiques par un candidat à la présidentielle américaine de 2024.
Si je me souviens bien, en 2017, quelques mois après le déluge Matthew, en Haïti, dans un de ses reportages sur le pays, un quotidien montréalais avait titré « Haïti, pays maudit ».
Il s’agissait bien là d’une forme d’hypocrisie et de contradiction de la part de cette équipe journalistique, composée de gens issus du Québec, société qui affiche fièrement son anticléricalisme.


En outre, il est professionnellement irresponsable que des journalistes, ou même des politiciens, examinent, en roue libre, les problèmes des Haïtiens en excluant certains contextes historiques.
La négligence de cet aspect crucial représente une forme de révisionnisme qui protège l’oppresseur et… qui réduit l’opprimé.
La désinvolture de ce journal m’avait également permis de comprendre que les médias occidentaux perçoivent Haïti comme l’exhibitionniste par excellence de la misère, où les termes « fatalité », « terre martyre » et « châtiment » règnent.
Malheureusement, la diabolisation du peuple haïtien a atteint le commun des mortels.
Au fil des ans, j’ai constaté qu’en général, les gens n’aiment parler d’Haïti que lorsqu’elle est enfermée dans une boîte de pauvreté extrême, quand elle est réduite à la petite vision de l’Occident. Dès que la discussion se tourne vers Jean-Jacques Dessalines, la date du 1er janvier 1804 ou Émile Saint-Lôt, on doute de la véracité des faits historiques montrant Haïti sous un angle glorieux.
En fait, c’est le résultat de l’antihaïtiannisme qui a pris naissance en 1791, au Bois-Caïman, et il est aussi triste de constater que certains de mes frères et sœurs sont tombés dans le piège de Napoléon Bonaparte, en critiquant ceux et celles qui, par moments, replongent dans le passé glorieux de leurs aïeux.
Gens de la Communauté, chassons le colon de notre tête et croyons en nos moyens !
In fine, c’est une grande misère pour le ministre de l’Immigration de n’avoir pas assez d’esprit pour comprendre la situation haïtienne ni assez de jugement pour se taire.
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1 Commentaire
Comment pensez.vous que des colonisès qui ont refusè par deux occasions de voter pour leur souverainetè puissent aimer les haìtiens qui ont une glorieuse histoire.nous n.avions rien à à prouver à personne.Nous vaincrons ces parvenus et aussi ces audacieux qui ont quitté l.Europe à cause de la misère et qui semble oubler aujourd.hui.Ingrats. semblent